vendredi 16 mars 2012

Du 20 au 24 janvier 2011: Chichime.

Nous voilà de retour à Chichime. Marco a retrouvé son bateau en l`état. Investi d`une nouvelle énergie, et surtout d`un projet (faire un bateau-hôtel à Portobello), il bosse dur pour remettre son bateau en état. Pour lui dégager du temps, nous l`invitons à manger à tous les repas. Il nous fait bien rigoler avec ses histoires de cœur et ses histoires rocambolesques.

Mamido s`est très vite remise de sa traversée mouvementée vers les San Blas. Elle s`adapte très bien à la vie sur le bateau (au mouillage). Plages, baignades, et pêche sont au rendez-vous. Depuis que Marco lui a monté sa ligne de pêche, elle n`arrête pas de nous remonter du poisson. Son premier poisson sorti était un très beau pagre. Hicham et Marco qui font des kilomètres en annexe pour trouver de bons coins de pêche sous-marine sont étonnés et très jaloux.

On se fait des repas de rois, langoustes, crabes, poissons, lambis, poulpe… elle fait le plein de produits de la mer. Tout ça, très bien cuisiné, cela va de soi.

Les familles kunas ont changé depuis notre dernier séjour à Chichime. Nous faisons la connaissance d`une très gentille famille à l`extrémité Est de Uchutupu Dummat. Vivant à Panama à l`année, ils parlent très bien espagnol. Nous avons tout de suite sympathisé, ainsi que Marwan et les 4 garçons de la famille, Royer, Franco, Titi et Itan, qui ont entre 8 ans et 8 mois. Ce sont des petits garçons adorables. Avec Marwan, ils s`échangent leurs jouets et jouent comme des fous dans l`eau. Ils sont contents de se retrouver chaque jour, et ça fait plaisir de les voir ensemble. Clarisse améliore son espagnol en discutant avec Djamile, la maman (qui n`a que 29 ans). On s`échange des petits cadeaux, jouets, vêtements, lait, poissons, coco, crabes des cocotiers. C`est rare de pouvoir nouer des liens comme ça avec une famille kuna.

Franco, au milieu du chantier.


 Titi

 Djamile avec Itan et Titi.


Nous sommes bien ici, et reculons chaque jour notre départ. Cependant Syrah et Selluna nous attendent depuis un petit moment à Nuinudup, car nous avons pour eux des victuailles en provenance de Portobello, et Mamido voudrait bien connaitre d`autres iles des San Blas.

Recette de la semaine : Lambis à la namibienne.

Pour cette recette découverte auprès de Jaco et Christelle, nous avons investi dans une moulinette à viande. On est ainsi dispensé de battre le lambi avant de le cuisiner. On le passe à la moulinette. On l`assaisonne avec de l`ail, du gingembre, paprika, petits poivrons. On fait revenir le tout dans du beurre et on le consomme avec un bon pain frais ou du riz.

Du 10 au 19 janvier 2011: Portobello; 09:33.45N 79:39.67W.


Nous avons choisi d`aller à Portobello pour accueillir Mamido, le but étant de faire un grand avitaillement. On manque d`huile d`olives, de miel, chocolat, beurre, parmesan, …, denrées essentielles pour l`équipage de Yapa, introuvables dans le Kuna Yala. On achète quelques petites choses en plus (4 caddies pleins à craquer…) et casons tout ça comme on peut. Yapa manque de rangements. Nous avons eu à un moment donné l`illusion de faire de notre cabine arrière une vraie cabine. Ca n`a jamais pu être réalisé depuis le début de notre voyage. Elle sert d`espace de stockage de denrées alimentaires, cosy, siège-auto, jouets de Marwan, …

Mamido arrive comme prévu le 12 janvier à Panama où Clarisse et Marwan sont venus l`accueillir. Elle nous ramène plein de bonnes choses, saucissons, foie gras, charcuterie corse (merci Hind), …. Il a fallu que malgré la fatigue du voyage, elle défende la charcuterie, contre des douaniers panaméens zélés voulant en faire leur diner. Elle n`a pas lâcher le morceau (c`est le cas de le dire), et l`équipage de Yapa, ainsi que les amis, exilés de France depuis longtemps, s`en régalent chaque jour.

Mamido nous ramène aussi des magazines qui sont très appréciés, par tout l`équipage.
A Portobello, nous retrouvons également Marco, qui a trouvé là-bas, un travail avec gite et couvert. Il aide une dame seule à remettre en état son bateau. Hicham et Marco sont heureux de se retrouver après plus d`un mois de séparation. Marwan reconnait immédiatement son copain.


Nous attendons un vent favorable pour partir pour les San Blas. Les alizés se sont renforcés à 20-25 nœuds avec des creux de 3 à 4 mètres en haute mer. En attendant, on se ballade dans Portobello.







Le 18 janvier, le vent se calme, on se décide à partir le soir. Malheureusement, Marwan déclare une diarrhée importante avec un peu de fièvre. Il n`est pas question de risquer la déshydratation, on attendra le lendemain.

Le 19 janvier, Marwan va mieux, il retrouve son sourire et des selles à peu près normales. On partira le soir. Il a bien fallu toute la journée pour ranger le bateau et faire en sorte que notre bazar ne se ballade pas dans tout le bateau, d`autant qu`on sera au près, bâbord amure. A cette allure, le bateau gite beaucoup et subit l`assaut des vagues de face. On fait pour le mieux, on est prêt à partir à 22 heures du soir. Nous avons un équipier supplémentaire, Marco, qui désire ramener son bateau de Chichime à Portobello pour en faire un hotel pour backpackers. Très bien, les garçons s`occuperont de la nav, Clarisse de Marwan et Mamido d`elle-même.

Une faible brise nous accompagne pour sortir de la baie, mais dès que nous ne sommes plus protégés par la côte, ce n`est plus la même histoire. Le vent est fort de 20 à 25 nœuds, avec une houle de 2-3 metres. Yapa se comporte bien, mais au près serré, le courant contre lui, n`avance pas bien vite. C`est 15 heures de calvaire pour Mamido, qui pas très bien amarinée, est malade du début à la fin du trajet. Qui connait le mal de mer, saura que c`est terrible. Malheureusement, ce n`est pas comme en voiture, on ne peut pas s`arrêter un peu puis reprendre la route. Il faut subir. Nous rencontrons également quelques avaries, de l`eau plein les cales, mélangée avec de l`huile moteur. Avec la gite, une bonne flaque glissante se forme dans le carré. Hicham réveille Marco qui dort dans le peu d`espace qui reste dans la cabine arrière pour voir ce qui se passe dans le compartiment moteur. Il y a là aussi pas mal d`eau et il est certain que l`eau vient de là. La pompe à eau de mer ne fonctionnant plus, il faut écoper à la main. C`est Marco qui s`y colle. On ne peut pas faire grand-chose en nav qu`écoper. Hicham en bon capitaine décide de faire nuit blanche, entre Mamido malade qui ne peut plus bouger du pont, le vent fort, et cette voie d`eau d`origine encore inconnue. Seconde avarie, notre pilote automatique Raymarine ne répond plus. Détail important pouvant expliquer l`origine de la panne, Marco sans faire exprès, du bout du pied, allume le pilote à vérin alors que le pilote Raymarine travaillait. C`est le pilote à vérin qui a gagné, la courroie du pilote Raymarine s`est rompue. Le pilote à vérin est plus performant mais est très consommateur d`énergie. On évite de l`utiliser la nuit car l`éolienne ne suffit pas à charger les batteries. Mais là, on n`a pas le choix.

Heureusement, Marwan s`est mis en mode hibernation et dort une bonne partie du trajet. Il a été un peu malade, mais a vite compris qu`on était mieux allongé.

Il est 11 heures du matin, plus que 10 milles. Tout le monde en a marre, Hicham est fatigué, Marwan impatient de bouger, et Mamido, n`en parlons pas. On patauge dans l`eau graisseuse, notre beau rangement s`est cassé la figure, il y a un bazar innommable dans les cabines. Les San Blas, ça se mérite, mais pour une première nav, on aurait souhaité un peu mieux pour mamido.

On arrive vers 13 heures 30, après 15 heures de navigation au près, à Chichime. L`équipage et le bateau sont bien fatigués, Mamido n`est même pas en mesure de découvrir les iles de cocotiers des San Blas. Quelle galère !!! Pour arriver au Paradis, il faut passer par l`Enfer.

Du 31 décembre au 6 janvier 2011: Salardup; 09:30.45N 78:47.67W.

Ce fut une navigation de rêve : 15 à 20 nœuds de vent, sans aucune vague, avec un Yapa qui file à 7 nœuds entre les iles et la côte. Nous avons adoré Salardup où nous avons retrouvé Syrah et son équipage. Sous le vent de l`ile, seule une légère brise nous rafraichit, les alizés étant cassés par les cocotiers. Seul inconvénient d`être ainsi protégés du vent, on doit parfois subir les assauts de nonos sur la plage au coucher du soleil. Clarisse en a fait l`amère expérience, protégeant son petit dans une grande serviette. Il suffit de le savoir et d`éviter ce genre de situations, on ne l`y reprendra plus.

C`est une des plus grandes iles des San Blas, et elle est inhabitée. A l`extrême Est de l`ile, on trouve 4 jolies cases, construites pour les touristes. Il n`y en a pas pour l`instant. Les kunas propriétaires de l`ile attendent l`autorisation du Congresso avant de faire tourner leur affaire. Le Kuna Yala est une province indépendante du Panama et s`autogère de façon autonome. Le Congresso composé de 3 `Caciques` a ici tout pouvoir et limite pour l`instant le tourisme dans ces iles paradisiaques. Il n`y a d`ailleurs pas d`hôtel véritable aux San Blas, et aucun étranger n`est autorisé à s`implanter dans les iles. Les quelques logements touristiques présents dans les San Blas sont de modestes cases kunas. Nous sommes privilégiés de pouvoir voyager en voilier dans le Kuna Yala.

Nous nous installons dans les cases pour passer le jour de l`an et faisons un grand feu sur la plage. Nous sommes seuls au mouillage, Yapa, Syrah et Pollen qui a pour équipage un couple de français, Eric et Anne-Marie, basés en Guadeloupe.






Chacun amène son obole, quelques langoustes, petits toasts de morue, du poulet et la nouvelle spécialité d`Hicham, des tranches de pain (fait maison bien sur) largement tartinées de gras de confit de canard et de foie gras cuites à la poêle, avec une bonne couche de confiture de bananes (faite maison également). Cette préparation pour le moins surprenante a été très appréciée. Le but étant de tenir jusqu`à minuit, nous avons installé des hamacs dans les cases pour y faire dormir les enfants. Marwan n`était pas de cet avis, et nous l`a bien exprimé avec des vocalises stridentes. Rien à faire, il ne veut pas dormir sur la plage. Il veut être de la fête, mais est tellement crevé qu`il fait n`importe quoi. OK, on a compris, Clarisse rentre sur le bateau et passera la nouvelle année en tête à tête avec son petit.

On est tellement bien ici qu`on reste 6 jours. Niaouli, Narval et Celian (Elia, Stephane et leur fille Priscille) nous rejoignent peu après. La fine équipe est réunie et se retrouve régulièrement sur la plage.

Six janvier, il est temps de bouger, MamiDo arrive dans quelques jours à Panama et on s`est donné rendez-vous à Portobelo où l`on doit faire un grand avitaillement. Il faut aussi passer par Elefante pour faire du gaz et voir Seluna. On quitte sans regret Salardup car le vent tourne à l`Est et amène une belle houle qui nous fait rouler.