lundi 11 mars 2013

Du 11 février au 23 février: On accélère le rythme, dernier petit tour dans les San Blas.


On a vraiment du mal à les quitter ces merveilleuses îles des San Blas. La navigation à la voile est parfaite, vent toujours au rendez-vous sur une mer plate. Les cayes sont bien visibles et si on respecte les heures d’entrée dans les mouillages, il n’y a pas de soucis.

On fait route avec nos amis allemands de Sairam, rencontrés il y a 2 mois: Guido, Angelika et leur petit garçon de 3 ans, Luke. Sairam est notre deuxième maison et on se retrouve très fréquemment pour des dîners bien sympathiques. On a décidé que pour ces 10 derniers jours dans les San Blas, ce sera ‘vacances‘. Pour nous, ça veut dire pas de bricolage sur le bateau et gestion minimum du quotidien.





On mange du poisson ramené par les hommes 2 fois par jour, on fait des feux sur la plage, on se prélasse dans nos hamacs, on regarde les enfants jouer, on profite de ces derniers jours au paradis.








On visite les Cayos Hollandes qu’on a toujours un peu boudé à cause d’une mauvaise impression de départ. Ce sont les îles les plus éloignées de la terre, pour la plupart inhabitées. Quand nous venions d’arriver dans les San Blas, en juillet 2011, nous y avions passé quelques jours. Une tentative de débarquement sur la plage s’était soldée par de nombreuses piqûres de chitras et nous nous étions faits refoulés par les texans ayant élu domicile dans le mouillage de Barbecue island.
Bref, nous n’y avons plus remis les pieds depuis. De nombreux amis nous ont donné envie d’y retourner et on ne regrette pas. Les îles sont superbes, sauvages, la flore et faune sous-marine sont très riches. Marwan s’est trouvé de nouveaux copains, notamment Ouacim sur Waisaladup. Il lui a appris à grimper au cocotier, à s’agripper à une feuille de palmier et à s’élancer dans les airs pour atterrir au mieux sur les fesses dans le sable.







Hicham s’est fait de superbes parties de pêche et Clarisse s’est remis au snorkeling plus régulièrement. Les fonds sont superbes avec une eau transparente permettant de distinguer le fond à plus de 10 mètres. Baliste, carangues, mérous, bourses, …, tortues sont au rendez-vous.














dimanche 3 mars 2013

Du 25 novembre 2012 au 11 février 2012, Nunudup.


Nous vivons dans le monde de Marwan. Et Marwan a son premier grand copain, José! 



José a 3 ans et vit avec sa famille sur l’île de Nunudup. Alors pendant presque trois mois, nous n’avons quasiment pas bougé. Il faut dire aussi, qu’à travers les enfants, cela nous a permis de lier des liens amicaux avec la famille kuna, ce qui est rare. Finalement, on s’est décidé à partir le jour où eux-mêmes ont dû rentrer sur Soledad Mandinga dans l’Archipel des Robensons.

Il a fallu du temps pour qu’ils entrent en contact mais maintenant, ils ne se quittent plus. C’est petit ours (Joseph) et petit tigre (Marwan), 2 grands amis, pour les parents qui connaissent les histoires de Janosch. 




Le jour de leur départ, on a fait une petite cérémonie kuna pour que leur amitié persiste malgré leur séparation: ils ont échangé un œuf et une banane plantain que chacun devait manger de son côté.

Ils ont fait tous les 2 d’énormes progrès en’natation‘. Ils nagent sous l’eau avec masque de plongée sans aucun problème. Par contre, ils n’arrivent pas encore à sortir la tête de l’eau pour respirer tout en nageant. Ils font des roulades avant et arrière dans l’eau. Marwan plonge du bateau avec ses flotteurs et n’a aucune appréhension.






Il a aussi appris quelques mots de kuna avec Joseph, tous en rapport avec la mer (eau, crabe, poissons, dauphins, sable…di, suca, wa,wagi,), le ciel (la lune, les étoiles…ni, nisqwa) la vie sur l’île (coco, oiseaux, pierre, cabanes, chiens, …okop, sikwi, akwa, nega, atchou) et quelques mots de politesse et de salut (bonjour, aurevoir, à demain…teguite,tegui malo, bani malo, …). Il impressione et fait beaucoup rire les kunas avec son vocabulaire. Marwan et Joseph partagent également de nombreux jeux imaginatifs, souvent en rapport avec la plongée. Quand ils ne sont pas dans l’eau, ils nagent dans le sable avec palmes, masque et tuba!!!

Sur l’île qui est toute petite, il n’y a qu’une seule famille. Nitzeiria, la maman de José et de Kelvin âgé de 10 mois, a fait des études à Panama et parle espagnol. C’est avec elle que nous avons pu communiquer et faire des progrès en espagnol. Elle nous a appris beaucoup de choses sur le mode de vie kuna et quelques spécialités locales comme le pain coco, le massi (plat traditionnel avec du poisson, de la banane verte dans du lait de coco), du chocolat au maïs, …. Elle nous a également cousu 2 beaux molas sur mesure pour nos hublots du carré. Son mari s‘appelle Igua.




Il y a également Lydia qui s’occupe des enfants. 



Ici, les enfants en bas âge ne sont jamais seuls, ils sont toujours dans les bras de quelqu’un, ou dans le hamac avec une autre personne. Ils dorment avec leur maman dans le hamac quand ils sont bébé, puis avec un autre membre de la famille quand il y a des petits frères ou des petites sœurs. Inutile de dire qu’ils sont allaités très longtemps, jusqu’à ce que les enfants d’eux-mêmes ne veulent plus de la tétée.

Enfin, il y a le grand-père, le père d’Igua, Jeronimo. Agé de plus de 80 ans, il est dès l’aube sur son ulu (petite pirogue) et part en mer pêcher.



Il remonte sans problèmes le courant avec sa petite rame et revient avec pleins de poissons. C’est un bon vivant qui a souvent la cigarette au bec et qui est de toutes les chichas (fête traditionnelle kuna où l‘on boit beaucoup d‘alcool). Il adore également les gâteaux. Ici, les gens vivent très longtemps. Il n’y a quasiment pas de nuisances, ils mènent une vie sans stress, en harmonie avec la nature. Ils se lèvent à l’aube et se couchent avec le soleil, car il n’y a pas d’électricité sur les îles. Les hommes pêchent, entretiennent les îles, s’occupent des cocoteraies ou cultivent les fincas dans les terres pour ceux qui vivent près de la ‘Terre Mère’. Les femmes s’occupent de l’intendance, des enfants et cousent des molas. C’est elles aussi qui gèrent les biens familiaux. La chef de famille, c’est la grand-mère. Nous sommes dans une société matriarchale où c’est l’homme qui va s’installer chez sa belle-famille.


Il y a également Justin, 10 ans, le cousin de José. C`est le héros de Marwan qui veut tout faire comme Justin.




Nous avons également fait la connaissance de familles en bateau qui sont devenus des amis.

Angelika, Guido et Luke, 3 ans sur `Sairam`. Ils sont allemands. On a tellement sympathisé qu`on ne se quitte plus depuis quelques mois. Luke et Marwan sont très différents mais jouent de plus en plus ensemble.
C`est avec eux que nous avons passé le nouvel an. 






Vitto, Valentina et Mila, 3 ans aussi. Ils sont italiens, Vitto est un professionnel de la voile qui a un bateau de 60 pieds. Il fait une école de voile avec au programme des transats allant jusqu`au 40emes rugissants.



Tobbias, Catherine, et Aaron, 3 ans, sur Aparima. Ils sont suisses. Ils sont à l`heure qu`il est, côté Pacifique.


 Et bien d`autres encore…

Nous ne regrettons pas ce temps passé sans avoir beaucoup bougé. Je pense qu’on avait aussi besoin de se poser quelque part et de ‘cultiver notre jardin’ familial. On a acquis une certaine routine et une harmonie qu’on a eu du mal à rompre.

Mais il est temps de lever l’ancre (la chaine de mouillage est envahie par les algues).



Marwan a pleinement participé à une autre cérémonie kuna. Une éclipse solaire était  prévue. Les kunas craignent qu`à cette occasion de mauvais esprits les atteignent. Il faut qu`ils s`enferment dans les cabanes (`nega` en kuna) pour se protéger. Ils se peignent le corps avec une graine écrasée, le `subdur`. Marwan a eu droit à quelques croix. Les albinos, `hijos de la luna`, eux, sont naturellement protégés. 

L`île est un parc de jeux pour les enfants : piscine, bac à sable, balançoire, sauts, …..

















samedi 2 mars 2013

Le 6 décembre 2012, Aller-retour imprévu aux Islas Robensons, San Blas.


Nous sommes ancrés depuis maintenant 2 semaines (après un mois de séjour à Chichime) à Nunudup. Nous avons sympathisé avec la famille kuna qui s’occupe en ce moment de cette île. Il y a un petit garçon de 3 ans, José, qui est devenu un copain pour Marwan. Ce matin, Nitzeira, la maman de José et sa cousine, Florneliza sont venus nous voir en’cayuco’ (pirogue) pour nous demander si nous voulions bien les emmener aux Islas Robensons. Elles n’ont pas trouvé de lancha (barque à moteur) et il faut qu’elles se ravitaillent, et qu’elles récupèrent le beau-père. On n’a pas mis longtemps à accepter. Nous aussi, on manque de tout. Plus un oignon sur Yapa, ça c’est un signe de disette… On attend tous Giraldo, qui nous fournit en légumes, avec sa lancha (il vient de Miramar, sur la côte, à 30 miles des San Blas), chaque semaine. Il vient en général toutes les semaines +/- 1 semaine. 

Le temps est au beau fixe, une jolie brise caresse la mer et nous voilà donc à nous activer de bon matin. Hicham, à l’extérieur et Clarisse à l’intérieur, et Marwan qui va de l’un à l’autre. On est bien organisé maintenant, mais il faut bien une heure de préparation. On récupère Nitzeira, Florneliza et José, et c’est parti. Navigation idéale. Pour les connaisseurs, mer plate, allure au travers, à l’aller comme au retour, jolie brise qui nous pousse à 4-5 nœuds (c’est-à-dire, la vitesse d’un homme qui fait son jogging!!!). On gite à peine malgré notre allure, on a l’impression d’être au mouillage. 


Les islas Robensons sont à 12 miles de Nunudup. Elles font partie de ses ilots très peuplés qui sont près de la côte. 


Nous avons appris, qu’il n’y a pas si longtemps, les kunas vivaient dans la forêt près de la Colombie. Ils ont petit à petit migré vers les côtes, repoussés par leurs ennemis, et surtout fuyant les moustiques et la malaria. Ces ilots, près des côtes, sont un bon compromis. Ils ont accès à l’eau des rivières, les familles ont des terres à cultiver, des’finca‘, dans la jungle, pour récolter des fruits et des légumes. Ils sont surtout à l’abri des moustiques transmettant le paludisme et la fièvre jaune. Ces ilots sont surpeuplés, les cases les unes à côté des autres, mais il n’y a pas (ou rarement) de maisons en dur ni de maison à étages.



A Ubicandup, l’île de l’archipel des Islas Robensons de nos invités à bord, Hicham a pu acheter des œufs et des oignons. C’est déjà ça! C’est extraordinaire mais il y a constamment pénurie de fruits et légumes aux San Blas! Nous récupérons le grand père, âgé de plus de 80 ans et tout un tas de provisions.  Nous ne l’entendrons pas de toute la navigation, si ce n’est à l’arrivée quand il appela à grands cris son fils, resté sur Nuinudup. Il avait l’air pas mal sur Yapa, calé sur son coussin, les yeux à demi-fermés, économes en gestes comme en paroles. Un qui était agité, par contre, c’est notre fils. Ou peut-être qu’on ne s’en rend compte que par contraste. José est très calme, tandis que Marwan virevolte en tout sens, commente chaque geste qu’il fait, … Il n’y a pas une minute sans qu’on l’entende. Ils ont des drôles de conversation avec José aboutissant à un langage empruntant un peu au kuna, à l’espagnol et au français.

Quand on rentre au mouillage, il fait nuit. Des lampes torches s’allument chez nos collègues voiliers pour nous accueillir. Quels sont ces fous qui rentrent de nuit dans les East Lemon? On s’ancre sans problèmes à notre place, le cul vers la plage, et on débarque la petite famille. C’était une sortie bien agréable.