Vent: Sud force 6-7 ;
Cap: 265° ; Vit.: 5,5 nds ; Allure: près 2 riz
"Ca m'apprendra à crier mon bonheur
sur les toits. Et pourtant combien de fois j'ai appris à mes dépens que quand
on est heureux et que tout va bien, on se la ferme!"
Ce matin réveil à 7H00, je regarde le GPS, cap 240°, vitesse 6,5 nœuds,
super! Je me fais mon petit café comme d'hab et je sors le boire dehors. Anémomètre
15-20 nœuds, la mer a grossi depuis hier. Elle commence même à moutonner...C'est
con mais mon baromètre ne marche plus, donc je ne peux pas voir si la pression
atmosphérique chute... Et puis la météo n'a rien annoncé d'inquiétant.
Je bois mon café et me dis que le bateau se comporte bien, il avance bien, ce
n’est pas la peine de prendre un ris. Donc, je descends comme à mon habitude me
préparer le petit déj, puis je m'assois dans le carré pour écrire. Dans le
cockpit, on recevait quand même quelques embruns. Une heure plus tard, de
l'intérieur, je remarque que Yapa force tout de même un peu sur son gréement, l’allure
est de moins en moins confortable... Et puis, je vois à travers le hublot, de
plus en plus de vagues déferler sur le pont. La mer a encore grossi en une
heure, 3,5 mètres de houle et 25 nœuds de vent à l'anémomètre, donc en
déduisant ma vitesse, 20 nœuds de vent réel à tout casser. Il faut dire que par
vent arrière ça seraient des conditions idéales, mais contre le vent et les
vagues, ça devient vite fatiguant!
Alors, je décide de prendre 1 ou 2 ris et d’enrouler au tiers le
génois. Et voilà que l'enrouleur de génois se bloque! Ça m'était déjà arrivé 2
ou 3 fois depuis que je suis parti, je ne l'ai pas mentionné car à chaque fois
j'ai pu régler le problème en quelques minutes. Donc, je vais à l'avant du
bateau, armé de ma pince et d'un tournevis afin de débloquer le système. Rien à
faire, avec la force du vent, et l'eau, les tours sont trop serrés et
entremêlés. Bon, je sais que le vent ne va pas augmenter, le ciel est clair et
dans cette région, à cette saison, les vents ne montent jamais à plus de 25 nœuds.
Et ce n’est pas 25 nœuds qui vont faire peur à YAPA! Alors je décide de garder
le cap et d'aller à l'avant pour défaire manuellement les 20 tours de
l'enrouleur pour ensuite les refaire soigneusement...
Pendant une heure, je me suis reçu paquet sur paquet de vagues, me
cramponnant comme je pouvais tout en défaisant et refaisant les 20 tours
d'enrouleur! C'est vrai que j'aurais pu prendre une allure plus confortable
pour faire ce boulot... Puis après avoir enroulé un tiers du génois et
pris deux ris dans la grande voile, trempé de la tête aux pieds, exténué mais
heureux du travail bien accompli, je me prélasse dans le cockpit, et savoure
d'un plaisir masochiste le picotement de tous mes muscles endoloris!
Je décide de me récompenser avec des œufs au bacon, et en descendant qu’est-ce
que je vois? Le bateau étant à la gite, je vois de l'eau huileuse sortir de mes
fonds de cale! AHHHH!
À chaque fois, que je pousse mon bateau trop fort au près dans une grosse
mer, en le faisant fortement tanguer, l'eau et l'huile qui étaient restées dans
mes tuyaux d'évacuation de précédents pompage se déverse dans mes fonds de
cale! J'ai bien voulu installer une valve de non-retour mais il est spécifié
dans le manuel qu'avec ma pompe c'est fortement déconseillé! À chaque fois je
me fais avoir! Ce n'est pas beaucoup d'eau, une dizaine de litres à tout cassé.
Et me voilà à genoux pendant une heure à nettoyer tous mes fonds de cale, je
précise, dans un bateau fortement à la gite...
Bref, je pensais que j'allais déprimer et puis non, je me surprends en
train de sourire, heureux d'en baver....
Après tout, "le paradis ça se mérite!". Je dois vraiment être maso!
Mais je crois qu'il faut l'être un peu quand même pour prendre un petit
bateau à voile et vouloir traverser les océans! En tout cas, il ne faut pas
avoir peur d'en ch--r!
Je pensais être exténué après toutes ces émotions! Eh bien non! J’ai faim,
une faim de loup! Alors je me prépare des pommes de terre sautées avec du
chorizo!
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