samedi 2 mars 2013

Le 6 décembre 2012, Aller-retour imprévu aux Islas Robensons, San Blas.


Nous sommes ancrés depuis maintenant 2 semaines (après un mois de séjour à Chichime) à Nunudup. Nous avons sympathisé avec la famille kuna qui s’occupe en ce moment de cette île. Il y a un petit garçon de 3 ans, José, qui est devenu un copain pour Marwan. Ce matin, Nitzeira, la maman de José et sa cousine, Florneliza sont venus nous voir en’cayuco’ (pirogue) pour nous demander si nous voulions bien les emmener aux Islas Robensons. Elles n’ont pas trouvé de lancha (barque à moteur) et il faut qu’elles se ravitaillent, et qu’elles récupèrent le beau-père. On n’a pas mis longtemps à accepter. Nous aussi, on manque de tout. Plus un oignon sur Yapa, ça c’est un signe de disette… On attend tous Giraldo, qui nous fournit en légumes, avec sa lancha (il vient de Miramar, sur la côte, à 30 miles des San Blas), chaque semaine. Il vient en général toutes les semaines +/- 1 semaine. 

Le temps est au beau fixe, une jolie brise caresse la mer et nous voilà donc à nous activer de bon matin. Hicham, à l’extérieur et Clarisse à l’intérieur, et Marwan qui va de l’un à l’autre. On est bien organisé maintenant, mais il faut bien une heure de préparation. On récupère Nitzeira, Florneliza et José, et c’est parti. Navigation idéale. Pour les connaisseurs, mer plate, allure au travers, à l’aller comme au retour, jolie brise qui nous pousse à 4-5 nœuds (c’est-à-dire, la vitesse d’un homme qui fait son jogging!!!). On gite à peine malgré notre allure, on a l’impression d’être au mouillage. 


Les islas Robensons sont à 12 miles de Nunudup. Elles font partie de ses ilots très peuplés qui sont près de la côte. 


Nous avons appris, qu’il n’y a pas si longtemps, les kunas vivaient dans la forêt près de la Colombie. Ils ont petit à petit migré vers les côtes, repoussés par leurs ennemis, et surtout fuyant les moustiques et la malaria. Ces ilots, près des côtes, sont un bon compromis. Ils ont accès à l’eau des rivières, les familles ont des terres à cultiver, des’finca‘, dans la jungle, pour récolter des fruits et des légumes. Ils sont surtout à l’abri des moustiques transmettant le paludisme et la fièvre jaune. Ces ilots sont surpeuplés, les cases les unes à côté des autres, mais il n’y a pas (ou rarement) de maisons en dur ni de maison à étages.



A Ubicandup, l’île de l’archipel des Islas Robensons de nos invités à bord, Hicham a pu acheter des œufs et des oignons. C’est déjà ça! C’est extraordinaire mais il y a constamment pénurie de fruits et légumes aux San Blas! Nous récupérons le grand père, âgé de plus de 80 ans et tout un tas de provisions.  Nous ne l’entendrons pas de toute la navigation, si ce n’est à l’arrivée quand il appela à grands cris son fils, resté sur Nuinudup. Il avait l’air pas mal sur Yapa, calé sur son coussin, les yeux à demi-fermés, économes en gestes comme en paroles. Un qui était agité, par contre, c’est notre fils. Ou peut-être qu’on ne s’en rend compte que par contraste. José est très calme, tandis que Marwan virevolte en tout sens, commente chaque geste qu’il fait, … Il n’y a pas une minute sans qu’on l’entende. Ils ont des drôles de conversation avec José aboutissant à un langage empruntant un peu au kuna, à l’espagnol et au français.

Quand on rentre au mouillage, il fait nuit. Des lampes torches s’allument chez nos collègues voiliers pour nous accueillir. Quels sont ces fous qui rentrent de nuit dans les East Lemon? On s’ancre sans problèmes à notre place, le cul vers la plage, et on débarque la petite famille. C’était une sortie bien agréable.