vendredi 13 janvier 2012

Nouvel an 2012.

L`équipage de Yapa vous souhaite:


Une bonne et heureuse année 2012.

Du 24 au 30 décembre 2011: Nargana-Corazon de Jesus ; 09:26.67N 78:34.97W.


On ne devait rester que 2-3 jours à Nargana, le temps d`envoyer quelques mails, de faire quelques courses. Comme d`habitude, des imprévus ont fait que nous sommes restés beaucoup plus longtemps. 

Un matin, alors qu`Hicham était passablement énervé (Marwan est en ce moment d`humeur très chouineuse), fait malencontreusement tomber le bouchon du réservoir d`essence dans l’eau qui coule à pic. Hors de question d`aller le rechercher dans cette eau marronnasse, et ce fond de vaseux à plus de dix mètres de profondeur ! `P… de M…` (sacrebleu en langage plus châtié) s`écrie Hicham. Il fait un bouchon de fortune avec un bouchon de bouteille d`eau en plastique et c`est reparti pour cette fois.

Le lendemain, le moteur hors-bord fait des siennes. Il se refuse à démarrer. Ça n`est pas la première fois et maintenant Hicham le connait par cœur. Il s`y met dans « la joie et la bonne humeur », confiant. Premier responsable à chercher le carburateur. Non, il n`est pas trop sale, mais par contre, il y a des cheveux et autres saletés dans le filtre à essence. Il est bon pour nettoyer le réservoir et la pompe à essence aussi. On remet le moteur à l`eau. Celui-ci démarre nickel, par contre, il ne crache plus d`eau ! `P… de M…, il va falloir redémonter le hors-bord`. La turbine est complètement bousillée et des tous petits morceaux de caoutchouc sont passés dans tout le système de refroidissement. C`est reparti pour une demi-journée de travail !!! Sur quoi, le moteur démarre du premier coup, et ronronne de contentement.

Mais, on s`aperçoit qu`il y a une petite fuite d`essence... Le 3ème jour, redémontage du moteur. Hicham trouve la fuite, il semblerait que ça soit la pompe à essence. Hicham resserre les boulons de la pompe à essence (peut-être un peu trop fort) et là, le corps en plastique se brise!!!! `P…. de M….` C`est la déprime la plus complète, on n`a plus de hors-bord pendant au moins un mois, le temps de commander et de recevoir une pièce détachée de chez Yamaha … Hicham tente une ultime réparation en recollant les 2 morceaux de plastique avec de l`époxy et en les maintenant serrés avec un serreflex

Si ce bricolage fonctionne, Hicham ouvre un magasin `le Brico de la Dernière Chance` ! 

On ne le saura qu`à Salurdup, car il n`est pas question de passer le nouvel an à Nargana, ça fait bien trop longtemps qu`on est là et Marwan se languit de retrouver la plage.

En attendant, des amis allemands rencontrés récemment, Benthe et Arndt, sur Narval avec leurs 2 jeunes enfants ont eu la gentillesse de nous prêter leur hors-bord de secours. 

Pendant que Hicham bosse sur le bateau, Clarisse et Marwan doivent dégager la place. On fait du dinghy-stop (merci à Denis qui nous a beaucoup baladés) pour aller sur l`ile. On se promène et Clarisse fait un peu d`internet à l`école. A Corazon de Jesus, il y a une super aire de jeux pour les enfants avec toboggans. Marwan en profite et joue avec les copains kunas.


Marwan devient un peu difficile en ce moment. Quand il veut quelque chose, il ne lâche plus aussi facilement le morceau et commence à faire des colères. Par exemple, il est obsédé par le moteur hors-bord, et n`a qu`une idée en tête, le toucher, tirer sur la manivelle, essayer d`ouvrir le réservoir. Alors ce moteur hors-bord qui trône dans le cockpit depuis 3 jours est une tentation extrême et source de conflits permanents avec ses parents. 

Il ne pleut plus depuis maintenant une semaine. Nous sommes brutalement passés de jours de pluie sans interruption à plus de pluie du tout. On ne s`en plaint pas. Par contre, nos réserves d`eau commencent à faire triste mine, et le linge recommence à s`accumuler. Denis et Graida nous proposent d`aller avec eux faire de l`eau à la rivière. Nous remontons le Rio Diablo en annexe, en zigzaguant entre les troncs d`arbre immergés, sur 2 milles. Les palétuviers, les bambous nous entourent ainsi que quelques palmiers. Dans cette jungle, on voit quelques tombes imposantes. Les familles kunas de Nargana et de Corazon de Jesus qui ont des terres au bord de la rivière y enterrent leurs morts. On arrive à une petite plage, où les sœurs de Graida nous attendent en lancha. Chacun déballe son linge, et on lave nos petites affaires dans un cadre magnifique. Yala et Marwan ont leur petite piscine et s`amusent tranquillement. On en profite toutes pour laver nos cheveux et prendre un petit bain bien frais.

Le 29 décembre, Ombi et Cédric arrivent au mouillage. On forme un petit groupe sympa avec Denis et Graida, Benthe et Arndt (qui parlent un français parfait). On se refait tous ensemble avec les gamins une expédition eau douce, décrassage, à la rivière. On se retrouvera certainement tous ensemble  pour fêter la nouvelle année.


 
Ombi au premier plan, Benthe aux commandes et les enfants de Benthe, Lars et Syrie.

 
Les enfants de Ombi et Cedric, Bao et Isaya, et la maman de Ombi.




On est content d`en finir avec cette fin d`année qui nous a apporté notre lot de petits soucis : le moteur hors-bord qui tombe en décrépitude, et Marwan qui commence à s’imposer de plus en plus… mais bon, il faut quand même le dire : « tout ça dans un cadre paradisiaque ! ».

Recette de la semaine : Poulet au curry façon Mamido.

C`est une recette qui a toujours du succès et qui est simple à faire. De plus, elle nous permet d`utiliser les restes de fruits et légumes.

Faire revenir le poulet coupé en morceaux, réserver. Faire revenir 2 oignons. Ajouter les fruits (bananes, pommes, mangues, bananes plantains, selon ce que vous avez), et les légumes (poivrons, aubergines, carottes, …) coupés en dés. Ajouter une boite de lait de coco et épicez avec sel, poivre, une bonne dose de curry, paprika. Laissez mijoter 20 minutes avant d`ajouter le poulet, laisser encore mijoter une vingtaine de minutes. Servez avec du riz. 

Vous pouvez également agrémenter le diner en préparant des petites coupelles de noix de coco râpées, œufs durs écrasés (en séparant le jaune du blanc), poivrons émincés, dés de tomates, et cacahouètes broyées. Chacun fait sa petite préparation dans son assiette, c`est très ludique.

24 et 25 décembre 2011: Noël dans le Kuna Yala.

Comme prévu, nous avons rejoint Denis et Graida à Nargana. Nargana et Corazon de Jesus sont 2 iles-village reliées par un pont. C’est un des seuls endroits dans le Kuna Yala où l’on peut faire un avitaillement basique. La famille de Graida voulait aller à la messe de Noël à Corazon de Jesus, le 24 au soir, nous ne sommes donc partis sur las islas iguanas que le lendemain.

Nous avons passé la veillée de Noël tranquille tous les 5. Au menu, poulet au curry, un grand classique (recette de mamido), et gateau à l’ananas. Durant cette nuit, est né un petit garçon. Un petit moussaillon d’origine allemande. Il est né à minuit moins le quart à Corazon de Jesus. Les parents ne l’ont pas appelé Jesus mais Ouagi qui en kuna veut dire dauphin. Heureuse vie à ce petit gars né sous le signe de la mer.

Le lendemain, nous sommes partis à 2 voiliers, Niaouli et Yapa et une lancha pour las islas iguanas à 2 milles au Nord-Ouest de Nargana. Le papa de Graida, il y a quelques années, a planté des cocotiers sur un banc de sable, qui s’est peu à peu transformé en ilot. Il y avait construit un hôtel avec un restaurant sur pilotis. De tout cela, il ne reste que des vestiges, rongés par le ressac.

Nous avons fait un grand feu de bois, avec du bois de palétuviers pris dans la rivière, pour faire cuire 2 belles dindes. Ce fut un somptueux Noël sous les cocotiers, tranquille et gai. Marwan a fait la connaissance de Yala, une petite fille de 4 ans, et nous n’avons pas eu à beaucoup nous occuper de lui.






Du 13 au 22 décembre 2011: Chichime.


Le temps passe vite. On attend la lancha de légumes pour se ravitailler avant Noël. On projette de passer Noël avec Denis et Graida à Nargana, sur une petite ile qui appartient à la famille de Graida. Pour l`occasion, ils ont acheté 2 dindes vivantes qui feront notre repas de fête.

La lancha ne vient pas, il faut dire que la mer en ce moment est mauvaise pour ces bateaux à fond plat et la pluie n`arrange pas les choses. On prend notre mal en patience et profitons tout de même de la très belle plage de Chichime.

On a fait la connaissance d`un jeune couple de français, Cédric et Ombeline avec 2 enfants en bas âge de 2 ans et 4 ans. Ils voyagent depuis 6 ans sur leur voilier, Syrah, acheté à Trinidad, en rentrant par intermittence en France dans le Lot, où ils retapent une ruine. Ils sont arrivés de Carthagène le jour du coup de vent et ont dû rebrousser chemin à un mille de Chichime, préférant se faire secouer en pleine mer plutôt qu’au milieu des récifs. Chaque jour, ils nous demandent, inquiets, si c`est tout le temps comme ça dans les San Blas, le vent, la pluie torrentielle. On les rassure, les San Blas peuvent être le paradis, aussi. Marwan, quant à lui, est content d`avoir de nouveaux copains et ils s`amusent bien ensemble (ou plutôt les uns à coté des autres) à la plage.




Cédric, Hicham et Miguel qui voyage également sur Syrah ont voulu faire une petite expédition pêche qui a tourné à la mésaventure. Le bout qui retient l`ancre s`est rompu à force de frotter sur le corail et l`annexe est partie au large. Heureusement, une lancha de pêcheur a pu récupérer l`annexe et la ramener.

20 décembre : le beau temps revient enfin. C`est le premier jour depuis un mois où il ne pleut pas. Noël approche et de plus en plus de bateaux arrivent dans les San Blas, des voiliers, des superyachts. Le mouillage à Chichime devient surchargé. Bonne nouvelle, nous avons nos légumes, nous allons enfin pouvoir partir. Avant ça, nous avons proposé à Lin qui dort sur le bateau de Marco de faire un aller-retour à Wibchuala pour faire quelques courses. Il est également convoqué auprès des affaires maritimes pour expliquer son échouage …..

21 décembre : On petit-déjeune comme prévu tous ensemble à 7h30, à 9 heures le bateau est prêt. Hicham met le moteur en route, Clarisse passe en revue les items de la check-list. Matériel de sécurité OK, gazole OK, huile moteur OK, …, fonds de cale, pas OK du tout. Il y a au moins 8 litres d`eau dans le compartiment moteur. On éponge, Hicham met rapidement en évidence le problème. C`est le joint du conduit d`eau de refroidissement du moteur qui fuit. C`est pas très grave, la fuite n`est pas importante, mais on ne pourra pas régler le problème tout de suite. Il est 10 heures, on est encore motivés pour partir à Porvenir. Lin veut absolument acheter des cigarettes. Il part sur le dinghy d`un copain pour l`ile toute proche. Le moteur du dinghy tombe aussi en panne, ils n`arrivent pas à remonter au vent à la rame et dérivent vers le reef. On doit remettre le moteur HB qu`on avait arrimé sur le pont le matin même sur notre annexe pour aller les secourir. Clarisse a Marwan dans le porte-BB, qui passablement fatigué et chouineur laisse tomber malencontreusement doudou à la mer. Heureusement doudou sait nager et s`éloigne vers le large. Nos priorités ont maintenant changé, il faut sauver doudou d`abord, les autres peuvent bien ramer. Une autre annexe se porte au secours des 2 compères et Hicham file repêcher doudou. Tout le monde revient à bord sain et sauf mais le capitaine est passablement énervé. Après quelques années en mer, on devient un peu superstitieux. Lorsque les problèmes surgissent les uns après les autres, surtout avant un départ, on préfère ne pas tenter le diable. On ne partira donc pas aujourd’hui, Lin prendra une lancha pour aller à Porvenir, et on partira demain à Green Island rejoindre Denis et Graida, car mine de rien, Noël approche. 




Les premiers mots de Marwan : tracteur, caca, coco, cracker et couteau.

Recette de la semaine : Poulpe façon Marco.

Tout est dans la cuisson du poulpe !! Nous suggérons plutôt que de battre le poulpe, de le congeler ou de le mettre simplement dans le freezer pour casser les fibres. Cependant, peu de bateaux ont un congélateur. Dans ces conditions, afin de rendre la chair du poulpe tendre : faire bouillir de l`eau dans une marmite, plonger le poulpe pendant une seconde dans l`eau bouillante et le retirer, renouveler l`opération jusqu’à ce que le poulpe se recroqueville complètement sur lui-même (environ 5 à 7 fois). Plonger le poulpe dans l`eau et le laisser cuire dans la cocotte minute fermée, 40 minutes. Sortir le poulpe, le découper en petits morceaux. Réduire d`environ de moitié la quantité d`eau. Faire à nouveau cuire à découvert 20 minutes, la peau du poulpe se dissout dans l`eau. Faire revenir oignons, ail, à la poêle. Les ajouter à la sauce du poulpe, ainsi que du lait de coco, du curry, sel, poivre, et coriandre. Laisser mijoter jusqu’à ce que la sauce épaississe. Servir avec des pâtes par exemple.

Le 19 décembre 2011: Vivre sous les alizés.


Le mois de décembre est un mois un peu fou dans les San Blas, un mois de transition avant la stabilisation des alizés, un mois de pluie aussi, car on se fait beaucoup rincer depuis 3 semaines !!! Nos réservoirs d`eau douce sont pleins, le pont est nickel et on n`a pas de retard de linge. Mais bon, c`est pas très rigolo. 

Les alizés depuis 3 jours sont très forts, constants, de 20 à 25 nœuds. Régulièrement, ils se renforcent la nuit.  Les équipages, entre l`inquiétude de déraper et le désir de se reposer, ne dorment pas très bien. Il y a également encore des orages localisés où la peur de l`éclair nous tient éveiller. On voit la nuit des petites lumières danser sur les ponts de la proue au cockpit pour vérifier encore une fois si la chaine tient bien, vérifier que le bateau ne bouge pas. Hier soir, 2 bateaux ont accidentellement déroulé leur génois au mouillage, et avaient quelques difficultés à régler leur problème. 

Les kunas sur la plage sont aussi au spectacle, il faut dire qu`il n`y a pas la télévision aux San Blas. Alors, les bateaux qui dérapent, s`échouent, les équipages qui s`engueulent, … valent bien une séance de cinéma.

La fatigue des nuits où l`équipage est en état de semi-veille, et ce vent constant qui souffle, souffle, amplifié par le bruit de l`éolienne, tape sur les nerfs. Un rien peut déclencher l`esclandre. Mais bon, il va falloir s`y faire, les alizés vont souffler constamment pendant les prochains mois.

Le 16 décembre 2011: chronique d`un naufrage annoncé.


Lihn a acheté il y a 3 mois un vieux ketch en acier de 10 mètres stationné à Chichime. L`ancien propriétaire, Sébastien, avec un crédit supplémentaire que lui a accordé Lihn, a pu ainsi se racheter un bateau plus gros pour faire du transit de `backpackers` entre la Colombie et Panama . Lihn ne connait absolument rien aux bateaux, à la navigation et ni aux manœuvres. Il a une vision romantique de ce qu`est la vie sur un bateau et s’imagine que ce n`est pas plus compliqué que de conduire une voiture. 

Petit à petit, il fait connaissance avec toute la clique de Chichime. Malheureusement il ne reçoit pas du tout l’accueil escompté. Il pensait un peu naïvement qu’il suffisait d’avoir un bateau et d’aimer la mer pour être accueilli à bras ouvert dans cette nouvelle famille…tout le monde se fout de lui quand il explique qu’il vient de s’acheter un voilier sans rien connaitre à la navigation, pas même les bases, et qu’il pense pouvoir apprendre tout seul, avec sa vision romantique que la mer le guidera dans son apprentissage.

C’est un suicide ! Un peu comme quelqu’un qui chercherait à mourir comme James Dean dans une voiture de sport à 180 km heure alors qu’il ne sait même pas conduire !
Il pense qu’on essaie seulement de l’effrayer. Il se referme sur lui-même et cesse d’écouter les conseils et avertissements que chacun lui prodigue.

 Quelques uns ont quand même essayé de l’aider et ont fait une sortie avec lui pour lui apprendre les bases. Lihn a voulu rester le capitaine à son bord et n`a pas pris les instructions des uns et des autres au sérieux ce qui a passablement énervé ces derniers. Je crois que le point d`orgue a été quand Lin a sorti sa guitare alors qu`il était à la barre au milieu des cayes. Il a réussi à se mettre tout le monde à dos, même les bonnes volontés.
Il y a quelques semaines, il a tenté une sortie seul. A peine sorti, un grain est arrivé et il s`est retrouvé le bateau couché, travers au vent, écoute de génois bloqué. Il a dû finalement se résoudre à sectionner l`écoute de génois pour pouvoir rentrer à bon port. Heureusement que le moteur marchait !

Il faut croire que ça ne lui a pas servi de leçon. Les conseils d`autres capitaines, y compris Hicham, n`ont pas non plus eu d`effets. N`y tenant plus, il est reparti, seul, sans GPS, sans sondeur, sans pilote automatique, sans savoir prendre un ris, dans des eaux bourrées de récifs et un alizé qui souffle fort et il s’est échoué misérablement le jour même à moins de 3 miles de Chichime.

Dans la panique, il a évacué les lieux en laissant la descente ouverte, le bateau s`est rempli d`eau. Le soir même, 30 nœuds de vent et une forte houle ont fini d’achever le bateau…
Lin a été recueilli chez les indiens kunas de l`ile qui l`ont hébergé, nourri et entouré de leur bienveillance. Ils n`ont rien pris sur le bateau. Les pilleurs ont été cette fois-ci d`autres `plaisanciers`… 

Cet exemple nous fait dire que contrairement à ce qu`on a pu dire précédemment les cas de pillage de bateaux échoués ne sont peut-être pas dû aux kunas mais bien aux `copains` de mouillage.

Le 15 décembre 2011: petite décharge d`adrénaline à Chichime ; 09:35.24N 78:52.86W.


Nous avons profité d`un relatif beau temps pour filer sur Porvenir, se mettre en règle auprès des autorités kuna, faire quelques courses à Wibchuala et arriver en milieu d`après-midi à Chichime. C`était une très brève accalmie, car depuis le soleil se montre peu et il pleut, il pleut, ….

Ce matin, on a été réveillé par l`éolienne qui s`emballe et le vent qui hurle dans le gréement. Notre anémomètre  indique des rafales à plus de 35 nœuds. Ce n`est pas un petit grain comme d`habitude, il n`y a pas de pluie et ça n`a pas l`air de se calmer. On est un peu inquiet mais confiant en notre bonne ancre spad qui n`a jamais dérapé, même sous des rafales à plus de 40 nœuds au Cap Vert. On met notre nez dehors. Aie ! Le bateau de Marco dérape et file inexorablement vers la petite ile à 3 palmiers qui indique l`entrée du mouillage. Il ne peut rien faire, son moteur est en panne, nous non plus, il y a trop de vent pour s`aventurer en annexe dans la baie. Heureusement, le vent le pousse vers le banc de sable et non pas vers les coraux. 

A notre tribord, un bateau suédois arrivé la veille lui aussi décroche. Le capitaine, un très vieux monsieur et sa dame sortent en panique, en slip et petite culotte. Monsieur est à la barre, moteur à plein régime et sa femme à l`avant, essayant de remonter la chaine à la main. Le voilier fait un étrange ballet autour de sa chaine. Il avance très vite rendant impossible la remontée de l`ancre et son capitaine contrôle mal la barre. A intervalles réguliers, il fait un tour complet autour de sa chaine. Le voilier derrière lui décroche aussi. On comprend plus tard que c`est certainement les suédois qui lui ont emporté leur ancre. Ils se réancrent, redécrochent, les suédois continuant leur ballet absurde devant leur proue. Finalement, ils prennent la décision de partir vers le large, sage décision, même si elle est inconfortable.


Le terrain de jeu des suédois s`agrandit, mais ils s`approchent de plus en plus de Yapa. On ne comprend pas ce qu`ils font, le monsieur à fond les manettes tournant autour de son ancre et la dame à l`avant tirant sans effet sur la chaine, aux risques de se faire très mal. Ils passent derrière nous, à notre babord. Hicham sort les pare-battes, au cas où. Clarisse est elle aussi en alerte, Marwan dans le porte-bébé. On suit anxieusement leur évolution. Tout d`un coup, Hicham dans une fureur noire s`écrie `Non, ils ne vont pas le faire !!!`. Mais si, ils le font. Ils passent à l`avant de Yapa en zigzaguant et ce qui devait arriver arriva, ils emportent notre ancre. Branle-bas de combat. Hicham file à l`avant en donnant ses instructions à Clarisse. Clarisse et Marwan sont à la barre jouant sur les gaz pour maintenir Yapa face au vent et lutter contre 30 nœuds de vent pour avancer lentement pendant qu`Hicham ramène la chaine. On se réancre plus loin, on sent un petit ressaut, Yapa se stabilise face au vent, on est réancré ! Le vent se calme un peu. Thomas qui suit depuis son bateau le ballet absurde des suédois en panique, va les aider. En 5 minutes, il règle le problème, le voilier se stabilise sagement. Il nous racontera plus tard que dans la panique, ils avaient remonté la chaine en oubliant de détacher le bout accroché à la chaine qui permet de diminuer la tension de la chaine sur le guindeau. Le bout était coincé dans le barbotin et rendait impossible la remontée de la chaine. Madame ne voulait pas le couper, aller savoir pourquoi, et Thomas a du faire preuve d`autorité pour qu`elle lui apporte un couteau.

Le vent s`est calmé, on est tous réancrés. Il est temps d`aller porter secours à Marco, échoué sur sa petite plage. Les kunas sont les premiers sur les lieux et le ramène sur leur lancha. Il trouve refuge sur un bateau ami. Le vent se calmant, son bateau se déséchoue tout seul. Les copains viennent en force pour déplacer son bateau et le réancrer plus près de l`ile principale. Pas trop de casse, son safran est touché, mais réparable.