mercredi 17 février 2010

Clarisse


Voilà un moment, que Clarisse semble comme marcher sur un nuage.
La tête dans les étoiles, elle va ici et là d’un pas nonchalant, comme si rien ne pouvait la déranger.
Même en quittant Funchal avec 25-30 nœuds, une mer formée et une houle de travers, Clarisse reste zen, imperturbable.

Eh oui vous l’avez compris, Clarisse est enceinte !

On va bientôt avoir un petit (ou une petite) mousse à bord.

Je suis heureux.

Clarisse en est au troisième mois et est rentrée en France pour faire quelques examens qui se sont avérés bons.


Je ferai donc la traversée de l’Atlantique en solitaire et Clarisse me rejoindra en Martinique. Je dois dire que cette expérience m’a toujours tenté et je suis bien content.

Alors je vous fais à tous tout plein de bisous et je vous reverrai de l’autre côté.

15 février 2010 : Départ de C.

C’est avec grand regret que je quitte C.

Gesuina, André, Manuel, Xylian (qu’on appele Petrol), Gull, Aureliano, Resh, Ricardina… vont tous me manquer. En créole il existe 4 manières de dire je vais bien « Bon », « Sab », « Fich », « dret ».
Ils m’ont transmis leur bonne humeur, leur simplicité, leur chaleur. Ils sont pauvres et pourtant bien plus riches que nous car ils ne sont pas pervertis par l’appât du gain. Je m’étonne encore de les voir se contenter de si peu et pourtant ils sont heureux.

Au début j’étais surpris de leur manque d’esprit d’entreprise ; il y a bien quelques bateaux qui mouillent devant la baie mais rien n’est fait pour leur faire dépenser quelques sous…

« Assez, c’est suffisant » alors pourquoi en vouloir plus? me disent-ils.

André m’explique que pour être heureux il lui suffit de regarder la mer et le ciel, de vivre sur terre entouré de ses amis et sa famille, d’aimer et de se sentir aimé.

Eh oui, ça existe encore. C’est pour cette raison que je ne citerai pas le nom du village, car à partir du moment où il sera inscrit dans le circuit touristique, tout ça disparaitra inéluctablement.

Merci Bernadette et Thierry.

1 février 2010 : C.

C’est un petit village de 200 âmes avec 4 bars (on se croirait en Bretagne!) complètement coupé du monde ; il existe bien une « route » qui rejoint la ville mais pour parcourir les 42 km de distance à travers les montagnes, par des chemins sinueux qui parfois tombent à pic (sans rambarde de sécurité, bien entendu), 2 heures 30 sont nécessaires!

Quatre grandes familles composent ce village dont les habitants sont tous plus ou moins liés. Depuis que la conserverie a fermé, ils vivent principalement de la pêche et de l’élevage de chèvres.

Le premier jour, ils ne faisaient pas trop attention à nous, puis très vite, ils nous ont ouvert leur porte. Et là nous avons été submergés par leur chaleur humaine. Ils sont pauvres et pourtant presque jamais ils ne nous ont demandé quoi que ce soit. Ils nous ont invités à manger, se sont occupés de nous, nous ont fait découvrir les alentours et appris quelques bribes de créole.

A mon départ, (Clarisse était rentrée en France une semaine auparavant, j’expliquerai plus tard), ils ont organisé une grande fête avec grillade de poissons, punch et André a joué des Mornas et Saudade toute la nuit.

Pendant un moment, j’ai arrêté de me sentir comme un touriste.






 

 
Depuis 10 ans, un français, Eric, de retour de son quatrième tour du monde s’est finalement installé, à C. Il a fondé une association qui aide les gens de ce village. En dix ans un quai a été construit pour les pêcheurs, une école regroupant tous les âges, une maternelle, et un générateur livre l’électricité du coucher du soleil à minuit.  

29 janvier 2010 : Santa Luzia

Il est temps d’accomplir notre mission. C'est-à-dire livrer les 5 énormes sacs de vêtements que nous ont donnés Thierry et Bernadette pour ce petit village si pauvre et pourtant qui leur ont laissé un souvenir de chaleur humaine encore tellement présent aujourd’hui. C’est avec un peu d’appréhension qu’on met le cap sur C. 20 ans se sont écoulé depuis et nous craignons que l’idylle qu’ils nous ont décrite ne soit du passé.

On fait escale à Santa Luzia pour la nuit, une île déserte au paysage lunaire.

Clarisse nous fait du pain, cette odeur embaume l’intérieur du bateau et nous nous endormons dans le ventre de « YAPA ».




28 janvier 2010 : Santo Antao, Ribiera Paul

Après 6 jours en mer, on est encore pris par une envie de crapahuter dans les montagnes. Tout le monde nous parle de la Vallée de Paul sur l’île d’en face, le Jardin du Cap Vert…

Alors c’est parti pour Santo Antao !

La randonnée commence au sommet du cratère de Cova. De là, on a à peu prés 1700 m de dénivelé jusqu’à la mer ! le guide nous dit que c’est une ballade de 6 heures.

On a mis 3 jours.

Parfois je me demande si les gars qui décrivent les randonnées les font réellement ! Ou alors ce sont des sportifs de haut niveau qui ne prenne pas le temps de regarder autour d’eux… Ou alors, ce sont des Cap-verdiens (en effet, on les croise dans les montagnes à monter, descendre, comme si de rien n'était, avec un handicap de 50 kgs de poids sur la tête ou les épaules)...

Et dire qu’on a hésité à le faire dans l’autre sens, en partat de la mer !

En tout cas, on s’en est sorti avec des courbatures dans les jambes et tout plein de fabuleux souvenirs.





 
Petite pause baignade dans une piscine naturelle à débordement, au milieu d'une nature sublime. L'eau était rafraichissante...
      


Ce furent également nos premiers contact avec les cap-verdiens. Des gens extrêmement chaleureux, et curieux d'autrui.