vendredi 3 mai 2013

J6, 29 avril 2013, 10h00 HL.


Vent: ? force 0 ; Cap: 33° ;  Vit.: 2nds ; Allure: aucune!!!!!!!

Ce matin, je me suis réveillé au son des gouttes de pluie tombant sur le pont. Je me laisse bercer par ces petits crépitements amplifiés par l'effet caisse-à-résonance du bateau. Je lève les yeux et me laisse hypnotiser par les milliers de gouttes de pluie qui s'écrase sur le hublot. Je me love dans mon lit, bien au chaud, bien au sec et me laisse aller à mes rêveries. Je rouvre les yeux, il est 9H30! Je ne me souviens plus de ma dernière grasse matinée... Ça doit faire des mois. Qu'est-ce  que c'est bon! Je me lève tout doucement, cap 200°, Vitesse 3 nœuds...

Je n’ai pas envie de sortir la tête dehors. Quelles sont les chances qu'il y ait un bateau de pêche ou un cargo sur ma route? Après tout, je suis en plein milieu de l'océan, et puis je n’ai pas envie de me mouiller!

Hier soir, ça a été dur. Il y avait grains sur grains et je n'ai pas arrêté de changer d'amure, de régler les voiles, d'enrouler et de dérouler le génois, de mettre le moteur, de l'arrêter... Et ça, jusqu'à 4 heures du mat!
J'ai déjà une belle croûte qui se forme sur les mains, pauvre Clarisse quand je vais la caresser...

J'avais oublié les bonheurs du célibat et d'être loin de tout. Je peux faire la grasse mat,
me trimbaler à poil toute la journée, chanter à tue-tête sur le trône, manger quand je veux, dormir, lire, écrire... quand je veux.
Ahhh que c'est bon...

Au fait, hier après avoir lancé ma ligne de pêche, j'entends d'un coup, le claquement bien particulier que fait la pince à linge lorsqu’elle saute, signe qu'un poisson a mordu. J'ai à peine le temps de sortir la tête dans le cockpit, pour voir à 30 mètres de la poupe retomber une énorme masse faisant jaillir l'eau de tout côté! Et la ligne qui fait CLAK!
J'ai à peine eu le temps de distinguer un long nez pointu et une belle crête dorsale qui me fait penser que ça devait être un espadon!
Ce salaud! Il m'a pris mon rappala que j'avais confectionné avec tant de soins le matin même! Mais bon, il faut dire que j'aurais été bien emmerdé avec un poisson de 500 kilos au bout de ma ligne!

Dernières décisions concernant la navigation:

1) plus de moteur. S’il n'y a plus de vent, je laisse le bateau dériver.
2) j'arrête de régler constamment mes voiles afin de suivre mon cap au degré près!
    je ne suis pas en course!
    je laisse le régulateur d'allure, et tant pis si le bateau fait des ronds dans l’eau!

Voilà pour aujourd'hui, à demain!


J5, 28 avril 2013, 12h00 HL. Le paradis.


Vent : Sud force 3 ; Cap: 260° ;  Vit : 4 nds, Allure: prés.

Aujourd'hui, je flotte dans le bonheur. Je suis assis à l'ombre dans le cockpit
sentant une douce brise chaude me caresser le corps, tout en écrivant ces quelques lignes...

Yapa avance lentement mais je n'ai pas envie de me presser.

C'est marrant de constater à quel point on a peu de choses à dire quand on est heureux...

Alors je laisse filer une ligne de pêche et je vous dis à demain...


J4, 27 avril 2013. Galères, galères.


07H30 HL.

Vent Sud force 1-2 ; Cap: 250° ; Vit.: 3,5 nds ; Allure: prés.

J'ai passé toute la journée d'hier sous spi seul, cap à 210° à 4,5 nœuds. C'était plutôt agréable, je me suis fait un bon Wok avec des pâtes chinoises. Les carottes et les poivrons commençaient à montrer des signes de détresse...

A 21H30, il n’y avait plus de vent et là, gros cafouillage pour ramener le spi! Je débrasse le tangon, j'ouvre le mousqueton du point d'amure pour mettre le spi en drapeau, je largue la drisse de spi dans l'eau. Jusque-là tout va bien. Malheureusement, alors que je m'apprête à ramener le spi sur le pont par son point d'écoute, je réalise que le mousqueton s'est ouvert!  Me voilà avec un spi qui ne tient que par la drisse et qui flotte gentiment dans les airs... Il faut donc me mettre face au vent pour avoir une chance de le récupérer. Bien évidemment, il s'enroule autour de l'étai. Me voilà donc à poil à 10 heures du soir en train de grimper à l'étai afin de dérouler le spi! Bref! Un bon petit coup d'adrénaline avant de se coucher, ça fait du bien! C'est là que j'aurai bien aimé avoir une clope...

J’allume le moteur et gros dodo.

A 5h30, le vent se lève, le jour pas encore. Une brise légère du Sud me permet d’envoyer les voiles, allure prés, babord amure. YAPA avance tranquillement à 4 nœuds depuis.

Alors que je suis en train de vous écrire, une grosse ligne sombre se dessine sur tribord, bordée d'un énorme cumulonimbus... J'entends le tonnerre gronder...

Yapa et moi faisant profil bas priant qu'il passe son chemin et qu'il nous laisse tranquille...

Et merde!

09H30 HL.

Ce n'est pas tellement que j'ai peur du vent que ça va générer, mais plutôt du changement fréquent de direction du vent que ça va entrainer... Et bien sûr ça n'a pas raté, bâbord amure, tribord amure, bâbord amure, tribord amure depuis deux heures!

J'ai les mains en compote au bout d’à peine de 4 jours de nav! Il faut dire qu'en ce peu de temps, j'aurais navigué sous toutes les allures imaginables... Pour couronner le tout, alors que le front nous passe au-dessus de la tête, l'enrouleur de génois se bloque! Me voilà à poi,l sous une pluie battante,
à l'avant du bateau en train de défaire le nœud de l'enrouleur!

Je me demande parfois pourquoi on appelle la navigation, "plaisance"...

Bref en attendant que le vent se stabilise, MOTEUR!

11H00 HL.

Vent Sud sud est force 1-2 ; Cap: 240° ; Vit.: 2,5 nds ; Allure: travers



J3, 26/04/2013, 18h00 HL


Hier soir, le vent ne s'est pas levé comme "prévu"... J’ai donc fait du moteur toute la nuit, ce qui m'a permis de dormir.

Ce matin, ‘boosté’ par une nuit de bon sommeil, j'ai réparé la GV. Il y avait une déchirure au niveau de la barre de flèche et 4 œillets avaient pété. J’ai également refait deux rivets du tangon de spi qui avaient sauté. Peut-être ai-je poussé YAPA un peu trop fort hier...

Ensuite, j’ai nettoyé les cales du moteur. Il y a toujours une petite fuite d'huile au niveau de l'embase du moteur et un peu d'eau qui rentre par le presse étoupe, mais bon, rien de grave.

Vers 10 heures, 3 dauphins, 2 adultes et un bébé, sont venus me faire la fête en nageant et sautant le long de l'étrave. J'ai beau avoir vu des milliers de dauphins dans ma vie, à chaque fois, c'est magique!

Et puis, comme par enchantement, une petite brise s'est levée tout de suite après. Pas grand-chose, entre 5 et 10 nœuds de vent de Nord, mais tout de même assez pour envoyer le spi.

Nous voilà à nouveau sous voile poursuivant notre cap pépère à 4,5 nœuds. Je passerai au Sud de Isla Malpelo (petite île Colombienne), pour ensuite faire Cap à l'Ouest, vers les Galapagos.



J2, 25 avril 2013, 18h00 HL.


180 milles nautiques en 24 heures! Pas mal du tout pour une première journée

Malheureusement, il n’y a plus un pet de vent! Le vent devrait se lever dans 2 heures selon les prévisions météo. Espérons qu'elles sont vraies.

Aujourd'hui a été une journée formidable! Le vent était au rendez-vous, la mer était grosse mais régulière. YAPA a donné son maximum avec des pointes à 11 nœuds !! Le régulateur d'allure fonctionne à merveille.

Pour le déjeuner, je me suis cuisiné des œufs au bacon avec un bon jus d'oranges pressées. 

Par contre impossible de dormir...

Alors en attendant le vent, je vous dis bonne nuit!


J1 bis, 24 avril 2013, 05h00 heure locale. Yapa fonce, fonce.


C'est de la folie! 90 miles en 11 heures!

Yapa fonce comme il n'a jamais foncé! Depuis 2 heures, il fait 9 nœuds de moyenne!
Pourtant, le vent ne dépasse pas les 20 nœuds. Je dois avoir 1 à 2 nœuds de courant porteur.

C'est ce que j'appelle une belle entrée en matière!
Malgré la vitesse, YAPA se comporte merveilleusement, le pilote fait des écarts d'à peine 2 degrés, et l'éolienne recharge à bloc.

D'ailleurs c'est assez étonnant, j'ai l'impression que plus il y a de vent, moins elle fait de bruit!

Par contre, je n'ai pas beaucoup dormi, pourtant le bateau est stable, ça doit être l'excitation!

A plus!

J1, 24 avril 2013: Ça y est, c'est parti.


Quel bonheur de retrouver la mer dans des conditions aussi idéales!

C'est la pleine lune, le ciel est étoilé, et la mer est calme. Avec un vent du Nord de 15 noeuds, YAPA fonce à 7 nœuds de moyenne avec des pics à 7,8 nœuds!

Me revoilà, après trois ans, à nouveau seul avec YAPA pour une grande traversée.
Cette fois-ci, le bateau est bien mieux préparé que pour l'Atlantique, et le capitaine a grandi depuis...

Le trajet sera bien plus long aussi: 4000 milles nautiques contre 2000 pour l'Atlantique!
Un mois de mer sans voir de terre!
Il y a bien les Galapagos sur le chemin...
On verra si on a envie de s'arrêter.

Pour l'instant, c'est le bonheur absolu, surtout sachant que je vais retrouver ma petite femme et mon petit bonhomme dans un mois!



Du 18 au 24 avril: Attente d'une fenêtre météo dans Les Perlas.


Hicham décide de quitter définitivement Panama City et de s'installer dans Les Perlas dans l'attente d'une météo favorable pour le départ. La zone qui va du golf de Panama aux Galapagos est soumis à des vents capricieux et parfois pas de vent du tout. Après le passage de cette zone difficile, on retrouve l'autoroute des alizés du SE du Pacifique Sud. Il en profite pour donner un coup de main à Saïram qui ont 'beacher' leur catamaran sur une plage du Sud des Perlas et le caréner. 

Du 02 avril au 18 avril: Derniers préparatifs avant la grande traversée.


Il faut bien retourner à Panama City. Clarisse et Marwan rentrent en France le 5 avril et il y a encore quelques derniers préparatifs à faire. Hicham file aussi un coup de main à Saïram qui perojettent de partir en même temps qu'Hicham. C'est donc encore  une fois en solitaire qu'Hicham fera la traversée du Pacifique. Clarisse et Marwan le rejoindront dans les Marquises le 30 mai. Vous pourrez suivre en direct son journal de bord sur http://blog.mailasail.com/yapa.aroundtheworld.

Du 28 mars au 02 avril: Isla Chapera, Las perlas


On a décidé de passer nos derniers jours ensemble à Las Perlas, bel archipel à 40 milles de Panama City et on a bien fait. Ce sont des îles inhabitées pour la plupart d'entre elles, très sauvages. Ici, on doit faire attention à la marée car le marnage est de quasiment 5 mètres.




C'est très différents des San Blas. La pêche y est miraculeuse mais les fonds pas très jolis. Hicham va chercher notre dîner et un quart d'heure après, il revient avec une énorme baliste ou une carangue. 



Les poissons sont vraiment très gros et les raies pastenagues pullulent. On se fait régulièrement des barbecues sur la plage.

Du 24 mars au 28 mars: Panama City

Nous avons ancré au mouillage de Las Brisas. C'est un mouillage extrêmement rouleur, on est obligé de fermer les loquets des placards comme en navigation. C'est désagréable, mais c'est un passage obligé pour pouvoir faire un avitaillement, des achats pour le bateau, une grande lessive, ..... On s'aperçoit qu'on ne supporte plus la ville maintenant. Passée la joie de déguster une bonne viande, on a vite envie de repartir.