dimanche 14 juillet 2013

Du 02 juillet au 07 juillet 2013, Hiva Oa, Atuona.


Atuona à Hiva Oa est notre base dans les Marquises Sud. C’est en effet la troisième fois que nous y débarquons. Le mouillage dans la baie Tahauku n’est pas très confortable, car très rouleur. C’est un mouillage étroit où il faut théoriquement une ancre arrière. On avoue être paresseux, alors comme à notre habitude, on mouille derrière la digue, exactement là où c’est interdit. 




Jeudi, il faudra qu’on dégage, l’Aranui 3 arrive. C’est un caboteur qui assure le ravitaillement des îles. Il accueille également jusqu’à 200 passagers qui font une croisière de 13 jours dans les Marquises au départ de Papeete. C’est impressionnant de voir un bateau comme ça manœuvrer dans les petites baies étroites des Marquises.

Il y a pleins de possibilités de ballades et de visites à Hiva Oa, mais il est nécessaire d’avoir un moyen de locomotion, 4x4 ou cheval. Nous nous sommes contentés d’une ballade au site archéologique de Taaoa à 10 kilomètres au Sud du village d’Atuona. Ce site est partiellement restauré, envahi par la végétation luxuriante. Sans guide, on n’y a malheureusement vu que des vieilles pierres. 


Les tikis sont plus loin dans la forêt, difficiles d’accés. Avec les enfants, Marwan et Luk (le fils de nos amis Saïram), nous n’avons pas poussés plus loin. C’est Pascal, notre ami médecin qui nous a accompagnés en 4x4 jusqu’au site et nous avons fait la descente vers le village de Taaoa à pied. Cocotiers, pamplemoussiers, manguiers, citronniers, pandanus et autres arbres impressionnants sont au rendez-vous. 



Le Banyan. C`est un arbre sacré autour desquels sont implantés les sites religieux.

Le chemin est parfumé par l’odeur des fleurs tropicales aux couleurs éclatantes. Un petit ruisseau serpente le long du chemin. Nous sommes toujours enchantés au cours de nos ballades dans les Marquises.



Nous arrivons au village de Taaoa au bord de la mer. Une nuée d’enfants, principalement de garçons, nous entourent et nous assaillent de questions et nous montrent les fleurs avec lesquelles on fait des colliers odorants: tiaré, feuilles de pandanus, …



L`église de Taaoa.

On cherche ensemble un prénom marquisien à donner à notre futur petit gars (Eh oui, c’est encore un garçon et qui d’après l’écho, a l’air aussi tonique que le grand frère).

Pascal et Marie-Laure viennent nous chercher à Taaoa après le boulot. 


Pascal est le seul médecin de l’île et également le seul de toutes les Marquises du Sud. On a sympathisé avec eux dès notre arrivée dans les Marquises et on s’est revu à de multiples reprises. On a également fait une courte croisière ensemble sur Yapa de Tahuata à Hiva Oa à l’issue de la tournée des îles (Fatu Hiva et Tahuata) du ‘Toté’ (docteur) Pascal. Un superbe Thazard de 8 kilos est venu agrémenté cette sortie.


Clarisse a eu la chance de passer une matinée avec Pascal au centre médical. Ça lui a donné envie de se remettre à la médecine après ces 4 années d’interruption de toute activité médicale. La manière d’exercer la médecine est différente de celle dont on a l’habitude en France. Les infirmiers du centre sont de véritables assistants médicaux. Ils sont en première ligne, accueillent les patients, font un premier examen clinique et appellent le toté quand le cas est compliqué. Ils font aussi la plupart des gestes: sutures, pansements, … Le toté supervise tout ce petit monde et voit plus en détail les patients qui posent problèmes. C’est très intéressant tant au niveau du fonctionnement du centre médical que des pathologies rencontrées. Par contre, il est difficile d’avoir des examens paracliniques, la clinique prime donc. Quand le patient nécessite des soins qui ne peuvent pas être dispensés ici ou qu’il nécessite des explorations complémentaires spécialisés, il est « évasané » (d’évacuation sanitaire) vers Papeete. Le rôle du médecin est de décider qui doit être évasané et surtout quel est le degré d’urgence. Il faut faire preuve de beaucoup de bon sens et d’une solide base clinique. En dehors de la difficulté d’être un médecin isolé dans les îles, il y a le stress d’une astreinte permanente 7 jours/7 et 24 heures/24. En général, les médecins viennent ici avec des contrats courts de un an et ne restent que très rarement plus longtemps. Normalement, très prochainement, un deuxième poste de médecin devrait s’ouvrir ici pour aider Pascal. Ca paraît plus que nécessaire…
De retour sur Yapa qu’Hicham et Marwan (Clarisse étant au boulot!) avaient déménagé la veille devant la digue du fait de l‘arrivée imminente de l‘Aranui 3, nous décidons de partir au plus vite vers Tahuata. En effet, une forte houle, nous balance brutalement de chaque bord sans discontinuer. C’est insupportable! Heureusement que Pascal et Marie-Laure, nous avaient gentiment invités à passer la nuit précédente chez eux!


Sur la tombe de Gauguin.

Et sur celle de Jacques Brel.

Nous ne passerons qu’une seule nuit à Tahuata. Nous changeons nos plans au vu de la météo. En effet, nous voulions initialement visité la baie de Hanaiapa au Nord de Hiva Oa. Les fichiers grib nous annoncent une forte baisse du vent à partir de demain. Nous décidons donc de filer directement vers Nuku Hiva à 85 milles d’ici pour profiter de cette dernière journée de vent établi.

Au revoir les Marquises du Sud et merci pour tant de beauté et de générosité.

le 01 juillet 2013.Hanavave (Baie des Vierges), Fatu Hiva


Il est 2 heures du matin, la lune vient de se lever comme un sourire. Sous un ciel étoilé, nous rentrons sur Hiva Oa après deux semaines de bonheur à Fatu Hiva. Clarisse a son rendez-vous pour l’échographie du 2ème trimestre à Hiva Oa. Elle se porte comme un charme et a une pêche d’enfer. 

Nous avons crapahuté un peu partout dans les alentours de Hanavave (le village de la baie des v(i)erges). 








Que ce soit pour faire une marche de deux heures à travers la jungle pour découvrir une cascade ou le long d’un chemin escarpé pour atteindre le sommet d’une montagne, Clarisse et Marwan sont infatigables! Marwan du haut de ses 2 ans et ¾ déborde d‘énergie. Pas question qu’on le porte! Même après 4 heures de marche, il continue de courir dans tous les sens!




C’est merveilleux, il s’extasie devant tout ce qu’il voit et il ne manque pas une occasion de manifester son enthousiasme face à tant de beauté par des « Ouaw! », « c’est trop beau! », « c’est trop cool! », « super! », « Marwan content! ».





Nous avons également fait une très belle promenade dans les hauteurs du village de Hanavave avec de beaux points de vue sur la baie. Nos amis de Sairam qui sont arrivés de leur traversée la veille nous ont accompagnés.







Hicham a lui eu son compte d’aventures. Il voulait gravir un des pitons de la baie puis marcher le long de la crête et revenir par la vallée. Il n’a pas eu de grandes difficultés pour la grimpette jusqu’au sommet, d’où il a pu faire de très belles photos. 








Par contre, la descente dans la vallée à travers hautes herbes et jungle s’est révélée très éprouvante. Il n’y avait pas de chemins. Perdu en plein milieu de la jungle, Hicham finit par trouver un court d’eau qui le ramena au village…




Il revint 8 heures plus tard de l’excursion qu’il avait estimé à 3 heures, fatigué mais boosté par l’adrénaline et tant de sensations fortes.

Bilan de cette excursion: des égratignures sur tout le corps, un pied qui a doublé de volume après plusieurs piqures d’insectes inconnus et une probable lésion ligamentaire au genou…eh oui! Il n’a plus vingt ans!

On se croirait dans le jardin d’Eden! On trouve des fruits partout: citrons, pamplemousses, oranges, papayes, régime de bananes. Les habitants nous les offrent souvent spontanément. Il y a aussi de très belles fleurs: hibiscus de toutes les couleurs, frangipaniers, ylang ylang, et tant d’autres dont on ne connait pas le nom. 




Le banyan: arbre sacre polynesien.

Nos narines sont aussi très sollicitées, odeur de fleur de tiaré, d’hinano, bois de santal, jasmin, … Ici, pas besoin de parfum, il suffit comme les marquisiennes de mettre des fleurs dans ses cheveux. Les femmes font aussi un monoï très odorant à base de santal appelé Umu Heï.

Hormis la beauté naturelle des paysages et de la végétation, les habitants prennent particulièrement soin de leur jardin. Il n’y a pas une saleté qui traine par terre, les allées sont taillées, le gazon coupé court, les fleurs, plantes et arbres fruitiers sont disposés avec soin. Chaque jardin rivalise de beauté avec celui du voisin.



Quant aux habitants, ils sont aussi chaleureux et généreux que la nature qui les environne.
On a rencontré un sculpteur sur bois qui nous a invités chez lui, et au lieu de nous inciter à acheter ses œuvres, il nous fait l’éloge de ses concurrents… C’est pas très commercial mais dénote un état d’esprit où la compétition ne prime pas.

Il y a une grosse activité artisanale dans les 2 villages de Fatu-Hiva: de nombreux sculpteurs sur bois et pierre. Ils font des tikis (les tikis sont des représentations humaines de divinités Maohi, leurs proportions généreuses symbolisant la puissance, l’abondance et la bonté), mais aussi des rames, récipients… Ils travaillent le bois de rose et le tau, un bois plus noir. 



Une autre activité artisanale est le tapa qui est un tissu non tressé issu de l’écorce de certains arbres et battu pendant des heures. Il est ensuite peint à la main avec des motifs marquisiens. Les autres activités traditionnelles sont l’apiculture, le coprah (albumen séché de noix de coco qui sont ensuite envoyé à l’huilerie de Tahiti pour produire une huile brute servant à la fabrication de monoï.



Les villageois sont très sportifs. Ils se réunissent pour faire de la gymnastique, du jogging, jouer au foot... Tous les soirs, il y a répétition. Tout le village se prépare pour la fête du 14 juillet. Dans chaque village de la Polynésie, en effet, il y a une grande fête à cette occasion avec danses et musiques traditionnelles. Nous avons assisté un soir aux répétitions d’un des groupes. Au rythme des tambours et pahu, femmes et hommes disposés en colonne se livrent à une danse. Le déhanchement des danseuses ont laissé Hicham rêveur…

On observe les villageois vaquer à leurs différentes occupations, faire du sport, aller à l’église, chanter, danser et on ne peut s’empêcher de se poser la question: « sommes-nous face à une société idéale? ».

Mais il ne faut pas se voiler la face, il y a bien sûr des inconvénients à vivre dans cette petite bourgade du bout du monde. Tout d’abord, l’éloignement. Il n’y a pas d’aéroport, pas de médecins, pas d’hôpitaux à moins de 3 heures de bateau et de 4 heures d’avion. Les gens le savent, en cas d’urgence vitale, et bien, on a peu de chances d’en réchapper. D’ailleurs, on constate qu’il n’y a pas beaucoup de personnes âgées ici. Les gens meurent jeunes, diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, … Sans oublier le haut degré de consanguinité qui règnent dans ces îles isolées.

Les jeunes doivent partir dès le collège sur Hiva Oa. Ils ne reviennent que pour les vacances dans leur famille. Pour des études plus poussées, ils partent à Tahiti ou en France.

D’autre part, on se demande d’où vient l’argent. On dirait que presque tous les habitants ici possède une petite embarcation en alu avec gros hors bord, un 4x4 dernier cri (alors qu‘il n‘y a qu‘une seule route reliant les deux villages de l‘île), sans parler de la TV Sat et internet… Nos amis ’popas’ (ça veut dire étrangers pour les marquisiens), Pascal et Marie-Laure, nous ont expliqué que la plupart des familles vivent de l’administration qui offre des salaires mirobolants.

La France arrose ces territoires d’outre mer d’argent, c’est un fait. Il ne faut pas oublier que ces territoires de l’autre bout du monde assurent à la France une zone d’influence économique et politique en Asie…

Malgré cette constations, on repart de fatu Hiva gonflé à bloc par tant de beauté et de générosité.


 

19 Juin 2013 La Baie des Vierges, Fatu Hiva


Après 4 ans de navigation et presque 40 ans de voyage partout dans le monde, je croyais avoir vu ce qui se faisait de plus beau…

Eh bien voilà, je me suis encore trompé.

Jamais je n’ai vu de spectacle aussi impressionnant par sa beauté que la baie des Vierges. Pour moi elle restera gravée dans mon esprit comme «la Baie des Anges». (Je trouve ce nom plus approprié).



Ces falaises tout droit sorties de la mer, cette végétation d’une diversité à en donner le tournis, cette roche sculptée par la main de Dieu, c’est tout simplement époustouflant!
J’ai l’impression d’être immergé dans un monde fantastique où les pierres peuvent parler. Je ne sais pas très bien si je rêve ou pas.

Il existe des mondes qui par la force de leur beauté, vous font oublier toute la laideur qu’on peut rencontrer, des mondes qui vous font prendre conscience de toute la magie qui nous entoure…

Abasourdi par tant de beauté, je n’ose pas bouger de peur que cette vision ne s’évanouisse.



Aucune photo ne peut rendre cette beauté; ça serait sans conter la douceur du soleil sur la peau, la caresse du vent, le chant des oiseaux nous parvenant des profondeurs de cette végétation luxuriante, le bruissement des palmes de cocotier au vent, le crépitement des pierres caressées par le ressac de la mer, le bêlement des chèvres agrippées au parois des falaises, le battement d’aile au passage d’un héron… et tout ça sous le regard de ces roches qui semblent nous observer…


Sculptées par la mer et le vent, les roches prennent la forme de sculptures géantes dessinant des visages d’animaux fantastiques, parfois presque humain au regard plongé dans l’éternité. Ici et là on croit distinguer ce qui pourrait être les ruines d’un vieux temple, nous faisant songer à une ancienne civilisation depuis longtemps oubliée… Et ces vallées verdoyantes dans lesquelles s’engouffre de temps à autre un vent d’une force impressionnante. Tout ici nous confronte à la nature dans toute sa magnificence.



14 Juin 2013, Hanamoenoa, Tahuata.


Eh oui, on est toujours là. On n’a pas bougé de la baie de Hanamoenao depuis une bonne dizaine de jours!

Il faut dire que c’est le paradis ici.



À force de regarder du bateau les raies Manta nager, on a pris notre courage à deux mains et toute la famille s’est mise à l’eau pour nager avec ces êtres venus d’un autre monde. Il faut dire qu’elles sont très grandes et que c’est sacrément impressionnant de nager à côté d’elles! On pensait que Marwan aurait peur, eh bien pas du tout; ça le fascine!

Qu’est-ce qu’il est marrant avec son masque, tuba et palmes! Il est infatigable et resterait dans l’eau toute la journée si on le laissait! Petite nouveauté, maintenant Marwan plonge la tête la première, c’est un vrai petit poisson.

Au début, Clarisse avait beaucoup de mal à se réadapter au bateau. Nos économies sont une vraie peau de chagrin et le bateau lui semblait avoir rapetissé en son absence. Et maintenant qu’on va être 4 elle avait beaucoup de mal à s’imaginer la suite.
Mais heureusement j’ai assez d’imagination pour deux!
Clarisse se réadapte au bateau et a retrouvé sa bonne humeur.



Hier, on a récolté 10 kilos de citrons!

Des amis nous ont prêté un bouquin sur les bienfaits du citron alors depuis on ne jure que par le citron! Du citron à toutes les sauces, matin, midi et soir. En jus, en vinaigrette, en sauce, en confiture, en tarte… c’est un fruit absolument fascinant! Il a des vertus antiseptiques, il nettoie le foie et les reins, les plaies, et ça soulage du mal au ventre et du mal de tête. Pas qu’on soit particulièrement atteint de ces maux, mais bon…il y a plein de vitamine C, c’est frais, c’est bon et c’est gratuit!
Et en plus ça fait maigrir! Il faut dire que je traine mes cinq kilos de trop dans le bide depuis un moment. Je pensais m’en débarrasser pendant ma traversée; mais en fait j’ai passé mon temps à cuisiner et manger. Il faut dire aussi, qu’à part les petits moments de stress quand il y a un grain et qu’il faut prendre un riz, on ne bouge pas beaucoup sur un bateau dans les alizés!
Alors vive le citron!

La recette du jour: des pâtes au citron! Recette chipée à nos 2 amis d’ Antouka, Alex et Stéphanie.
Je sais, ça semble un peu bizarre mais une fois que vous aurez goûté, vous serez convertis!
Faites revenir de l’ail avec de l’huile d’olive, une fois l’ail roussi, ajouter un verre d’eau chaude avec un bouillon de poulet, de la crème fraiche et les zestes de citrons. Mélangez avec des pâtes, de préférence des Tortellinis et le tour est joué.
Attention, n’utilisez que le zeste. Le zist qui est la partie blanche entre le zeste et le fruit est très amer.