dimanche 20 décembre 2009

11 décembre 2009 Retour vers la civilisation


Yapa s'impatiente, tire sur ses amarres. La petite sortie en mer avec Jane et Julien, nos amis madériens, lui donne la bougeotte. A Yapa, et surtout à son capitaine, à qui manque la ville, son animation, ses bars... Direction Funchal, avec Julien, notre co-équipier et pêcheur préféré (une belle petite daurade coryphène, pêchée, on ne devrait pas le dire, "à la limite" de la réserve naturelle des Islas Desertas). La sortie du port de Quinta do Lorde a été un peu mouvementée, avec un vent fort qui nous poussait vers les falaises, mais notre capitaine a assuré, et nous a sorti de là sans casse. On arrive à la Capitale, pour une fois, avant la tombée de la nuit. Pour fêter ça, petite soirée, avec les amis, et mal de tête le lendemain pour Hicham. On est au port, alors le capitaine peut bien déroger à la règle 'No alcohool when sailing'.





Funchal est une très belle ville, dans laquelle on a plaisir à se promener. On goute aux spécialités du pays, comme l'espada un poisson horrible pêché dans les profondeurs de l'océan Atlantique, mais dont la chair est fameuse, le Bolo de Caco, petit pain à la patate douce, agrémenté de beurre, ail et persil, sans oublier, bien évidemment le bon vin de Madère! On visite le marché de Funchal où on se fait dépouiller par un marchand de fruits, comme de vulgaires touristes que nous sommes.

Julien nous amène pour un tour dans l'Est du pays, montagneux. Cascades, forêts, montagnes à pics, falaises d'ocre rouge, ... Madère mérite bien son nom de perle de l'Atlantique.


 



02 décembre 2009: Découverte de Madère par les levadas




Vous ne savez pas ce que sont les levadas, et bien nous non plus, nous le savions pas. Pour notre première grande randonnée, nous avions choisi dans notre guide de Madère, Faja da Nogueira, dans le Nord Est de l'ile. Après une montée harrassante (dénivellé de 400 mètres en pente abrupte), on arrive devant un réservoir d'eau qui se déverse dans les canalisations de la centrale hydroélectrique, qui était notre point de départ de marche. On cherche un chemin autour, mais le sentier se termine par une falaise verdoyante, masquée en partie par la brume. Une ambiance de jungle, mais sans les cris des animaux! (Madère étant apparue au milieu de l'océan, l'archipel n'a jamais eu de contact direct avec le continent, les seuls animaux ayant pu arriver sur l'ile sont des insectes et des oiseaux). Visiblement, ce bassin d'eau n'est pas une levada.





On retourne sur nos pas, et reprenons un autre sentier, pour arriver enfin à cette fameuse levada. On comprend que ce sont des canaux d'irrigation, accrochés à flan de montagne, ou creusés dans la roche. On suit l'étroit sentier de pierre qui longe les levadas, surplombant la vallée, parfois de façon vertigineuse. On passe des tunnels, on croise des cascades. On est entouré de la forêt primitive, telle qu'elle était 500 ans avant la colonisation par les portuguais. Impressionant, et parfois effrayant, quand on s'aventure à regarder à nos pieds, le goufre vert, qui tombe à plus de 500 mètres. C'est la balade, qui pour l'instant, reste la plus marquante dans nos esprits. Parce qu'on ne s'attendait pas à ça, à cette nature encore sauvage, où des hommes ont pu construire ces réseaux de canaux d'irrigation, trésor d'ingéniosité. Le but de ces levadas, comme nous l'explique notre livre, est de collecter l'eau des montagnes au nord de Madère et de l'amener vers les régions plus arides du Sud. Il y a comme ça des milliers de kilomètres de levadas qui sillonent les montagnes de Madère, et qui permettent aux randonneurs de visiter des endroits sauvages, innaccessibles autrement.

 


vendredi 18 décembre 2009

29 novembre 2009: Arrivée à Madère

20 à 25 noeuds de vent au travers, il fait beau, la traversée est idéale. Nous avons mis 4 heures pour rallier Porto Santo à Madère (une vitesse moyenne de 8 noeuds!) , ou plus précisément à l'extrême Est de Madère. Quinto do Lorde est une marina du bout du monde, au pied d'une falaise rouge. Toute la ville est en construction, y compris son église. Pour l'instant, elle n'est habitée que par quelques navigateurs et ouvriers. L'ambiance est bizarre. On a l'impression d'habiter un décor de cinéma, abandonné. La marina est d'une propreté absolue, les fonds sont superbes, tels ceux d'une petite crique au mouillage.




Première tour de reconnaisssance: après la ville fantôme, le désert. Une pointe du bout du monde, façonnée par l'érosion, les vents violents. Des falaises abruptes sur lesquelles s'écrasent les vagues avec un fracas ahurissant. Tellement différent de ce qu'on découvrira de Madère ensuite. La pointe de San Lorenço est inhospitalière mais sa beauté fascinante.








        
.

lundi 30 novembre 2009

26 novembre 2009. Arrivé de nuit à Porto Santo




A notre grande surprise, le port est vide. C’est qu’on est tard en saison mais quand même ! on s’attendait pas à cette désertititude. Et le lendemain, en se réveillant on découvre ce caillou pelé qu’on appelle Porto Santo ! De la roche, de la roche, de la roche…pratiquement pas de végétation. Les Portugais ont fait du bon boulot pour déboiser cette île qui autrefois fût verte.







Quand même, après sept jours de mer on est quand même content de se retrouver sur terre et on a une envie irrésistible de marcher, grimper et crapahuter alors on ne se laisse pas abattre par ce spectacle désolant et on décide de louer un scooter afin de dénicher la beauté cachée de cette île. Et on n’a pas été déçu !








 


Le roi du monde

25 novembre 2009



Trois jours de navigation, on digère ce coup du sort et nos regards se portent à présent vers l’avant, en laissant le Maroc derrière nous. Le ciel est bas, la mer est calme, le baromètre est stable, tout va bien. On s’est bien reposés, le moral est bon et on reprend notre petit train train fait de pêche, de cuisine, de repos, de lecture…
en gros, on mange, on pisse, on chie, on dort, on dort, on chie, on pisse, on mange, et on dort encore…

Bien entendu, n’ayant pas prévu de partir aussi longtemps et aussi loin, on n’avait pas chopé la météo pour notre nouvelle destination; en plus de ça, le Navtex ne couvre pas notre zone, notre BLU ne marche pas (j’avais l’intention de la réparer au Maroc); heureusement, Fabien nous a rassuré tous les jours, en nous envoyant la météo par sms, sur notre iridium. Vive la technologie, et vive les amis !

La mer a été généreuse avec nous. On lui demandait de nous donner juste ce qu’il nous fallait pour bien manger pour deux, pas plus, de peur de se retrouver avec un thon de 20 kilos, comme la dernière fois. Ca a été une expérience éprouvante: une heure pour ramener le poisson à bord, et puis trois heures, pour le vider, le dépecer, le découper; il était tellement gros que j’ai dû y aller à la scie et la hache.  Il y avait du sang partout, on aurait dit une scène de meurtre! Heureusement, on arrivait le lendemain au port d’Almeria et on a fait des heureux. Ça nous a permis aussi de rencontrer un jeune couple de Suisse qui comme nous ont tout largué pour prendre la mer.

22 novembre 2009, une leçon d’humilité.

Gros coup dur pour le moral ! On était ce matin aux portes de Rabat, à un mile à peine des côtes et impossible d’accoster, d’énormes déferlantes bloquaient le passage. C’était impressionnant de voir la force avec laquelle les vagues s’écrasaient sur le front de mer. Jamais on ne serait passé…on appelle à la VHF la capitainerie du port pour instruction. Au bout du dixième appel finalement une réponse : « le port est fermé impossible d’accès, essayez à Mohammedia… » On rencontre un pêcheur sur la route qui nous annonce que la situation est la même à Mohammedia et Casablanca…
Les prévisions météorologiques nous font craindre que la situation ne s’améliorera pas d’ici trois jours. Que faire ?!! Soit on fait des tours dans l’eau pendant trois jours ou on part vers notre prochaine destination.


on avait pas le coeur à prendre des fotos mais en voilà une qui représente bien la situation.



Première leçon d’humilité ; eh non, on ne fait pas ce qu’on veut quand on veut, en mer. Alors, on se plie à sa volonté. Voilà deux ans que j’attendais avec impatience ce retour au pays, de revoir mes amis, ma famille, mes coins préférés…de partager tout ça avec Clarisse.

L’après midi le vent se lève, 15-20 nœuds bien établis au Nord Est, idéal pour aller à Madère. Alors c’est avec un pincement au cœur qu’on met le cap au 260 vers Porto Santo.
Le moral est bas, la fatigue se fait ressentir, l’appétit n’y est pas. On avait géré notre sommeil en pensant récupérer à Rabat et nous voilà repartis pour cinq jours de navigation. Dur, dur…

vendredi 20 novembre 2009

mercredi 18 novembre 2009

lundi 16 novembre 2009

Clarisse


Clarisse est merveilleuse ; elle boude de temps en temps, s’énerve du manque de place, mais à part ça, elle reste zen. C’est drôle, mais on est très vite tombé dans un schéma traditionnel de couple, non pas par machisme de ma part mais parce que j’ai toujours des outils dans les mains, toujours en train de réparer ou bricoler quelque chose. Le bateau demande un entretien constant et il faut bien s’en occuper, le bichonner si on veut qu’il nous emmène autour du monde ! C’est un vrai ménage à trois : elle s’occupe de moi pour que je puisse m’occuper de YAPA, pour qu’il nous emmène sains et saufs à destination.


C’est vrai que ça ne doit pas être évident pour elle, de se retrouver sur un bateau, sans boulot, à faire le linge, la bouffe, le nettoyage…elle est docteur tout de même (elle a même 2 doctorats !). C’est une femme accomplie, indépendante qui a l’habitude de travailler 12 heures par jour. Et bien sûr, elle n’a jamais vraiment éprouvée un intérêt particulier pour la cuisine ou le ménage…et pourtant ! Elle s’est découverte un talent pour la cuisine ! Un vrai cordon bleue (elle doit tenir ça de sa mère qui cuisine merveilleusement bien. Rien que d’y penser, j’en salive…) !

Elle m’énerve ! Tout ce qu’elle fait, elle le fait bien mais impossible de lui faire fermer une bouteille après l’avoir ouverte ; elle repose tout simplement le bouchon par-dessus sans visser. Et à chaque fois je me fais avoir et risque la catastrophe. Même chose pour la lumière (mais en moins pire…), elle n’a pas le réflexe d’éteindre derrière elle…je ne comprend pas… mais bon il faut bien que je lui trouve des défauts.

Elle devient aussi vraiment calée en navigation. Bientôt, elle en saura plus que moi. C’est impressionnant la quantité d’information qu’elle peut ingurgiter. Elle a dû bien lire une dizaine de bouquins sur la voile, la météo, la navigation de nuit, la navigation par gros temps etc…

C’est quand même bon de savoir que si il m’arrive quelque chose, elle saura mener la barque à destination.

A suivre…

Une perruche à Gibraltar, un oiseau heureux


Arrivés à Gibraltar, on passe à la capitainerie faire les papiers et c’est là qu’une perruche nous fonce dessus avant de se poser sur une armoire. La porte grande ouverte, on demande au gars derrière le comptoir s’il n’a pas peur que sa perruche s’enfuit ; il nous répond « mais pourquoi s’enfuirait-il ? (c’est un mâle) ; il a tout ce qu’il peut désirer ici ; il a à manger et à boire tous les jours, il a l’air conditionné l’été et le chauffage l’hiver ! Et en plus de ça, on lui rachète une femelle à chaque fois qu’il les tue. Apparemment c’est normal chez les perruches de tuer leurs femelles…et il rajoute, vous savez, c’est déjà la troisième qu’on lui achète ! Et elles ne quittent jamais leur cage!


Puis il se tourne vers moi et me regarde d’un air complice « Et à chaque fois, on lui en prend une encore plus jeune que la précédente ! »

Effectivement, je ne vois pas pourquoi il s’en irait….

Petit déj' chez les inglish



Bacon, eggs, sausages, beans, ... The best of the culinary english culture!!!

Elucubrations d'un insomniaque

Une petite nuit d’insomnie au port de Gibraltar (le comble! nous voilà bien amarrés dans un port tranquille, après 2 jours de près). Gibraltar, notre troisième escale depuis notre départ il y a déjà trois semaines ou seulement trois semaines, je ne sais pas… Le froid est présent, même ici, comme pour nous rappeler que l’hiver est déjà bien installer en Europe et qu’il ne faut pas trop tarder à descendre vers le sud. Nous voilà complètement tributaire des éléments pour la première fois de notre vie, en l’occurrence du vent; pas de vent ou vents contraires, pas de voyage et nous voilà obligés de faire escale. C’est le moment de bricoler, de réparer, car tous les instruments sont mis à rude épreuve dans cet environnement extrême. C’est terriblement frustrant de voir les choses se déglinguer au fur et à mesure et à la fois vraiment satisfaisant de pouvoir à chaque fois tout réparer. Je me sens un peut comme Sisyphe poussant inlassablement sa pierre jusqu’au sommet de la montagne pour la voir ensuite dégringoler. Remarque, quand j’y pense, ça me fait rigoler !


Les escales nous permettent à nous et au bateau de se reposer, de se requinquer, car la navigation n’est pas de tout repos, entre les rythmes de sommeil entrecoupés et l’inconfort permanent. Et pourtant, à peine arrivé je ne pense qu’à une chose: repartir. Le voyage pour moi, est synonyme de mouvement et l’escale d’immobilité. Bien sûr on voit des paysages merveilleux, on fait des rencontres intéressantes… mais à vrai dire, c’est la navigation qui me fait le plus kiffer, seuls entre ciel et mer, car j’ai l’intuition que c’est là que je trouverai ce que je cherche sans pouvoir encore mettre de mots sur l’un ou sur l’autre.


11 novembre 2009: arrivée à Gibraltar



Nous voici enfin aux portes de l'Atlantique, 'in front of the rock'. Nous sommes restés côté espagnol, au mouillage pour deux nuits de peur de nous fairedépouiller par les anglais . Mais ce n'était que mythe, les ports à Gibraltar sont tout à fait abordables.

dimanche 8 novembre 2009